Barracuda
6.7
Barracuda

Film de Philippe Haïm (1997)

Film choc comme on en a peu vu en France, Barracuda préfigure l'irruption du cinéma de genre du début des années 2000 et ces jeunes réalisateurs qui voulaient à leur tour tout casser. C'est le premier long-métrage de Philippe Haïm, naguère compositeur, qui repose sur une histoire au fond assez simple : un jeune homme venant d'emménager dans un appart rencontre son voisin de palier, un septuagénaire très étrange qui insiste pour qu'il vienne diner chez lui.
Le premier soir, il oublie, à la suite de sa pendaison de crèmerie, puis il accepte un autre diner où les choses vont très mal tourner pour le jeune homme, qui va littéralement disparaitre...

Je ne veux pas trop en dévoiler sur le film, qui raconte, on va dire, une captivité particulière, car il réside beaucoup sur la surprise, et sur ce que j'appelle une performance. Celle de Jean Rochefort qui y est hallucinant ; son personnage est à la fois fan de Fred Astaire (au point qu'on le voit danser avec un costume en queue-de-pie), aimant sa femme d'une certaine façon au point de tomber dans la folie et cultive un rapport-haine avec le jeune homme.
Ce jeune est interprété par Guillaume Canet, dont ce fut le premier rôle au cinéma, et ce sont des débuts très forts, car il passe par toutes sortes d'expressions, et on voit croire dans la destinée de son personnage. C'est très touchant quand il a l'air de passer de quelques secondes d'un enfant à un type plus impitoyable.
Enfin, il y a Claire Keim qui joue la copine, enceinte, du héros, et qui intervient vers la fin du film pour donner au film son ton tragique, notamment dans une émission à la Perdue de vue, pour ceux qui s'en rappellent dans les années 90...

On sent que c'est un premier film sans grands moyens, car entièrement tourné dans des intérieurs, mais il apporte un fort sentiment de claustrophobie, et la mise en scène est inventive dans le sens où l'appartement du vieil homme donne à croire qu'il est gigantesque et qu'on a l'air de découvrir sans cesse de nouvelles pièces. La lumière du film est aussi dans cette ambiance sombre puis bariolée, comme si on naviguait à bord d'un train fantôme/

L'affiche du film résume bien l'état d'esprit qui entoure ce film, mais j'ai été très frappé par sa maitrise, qui plus est pour un premier film, et pour la formidable implication de Jean Rochefort, dont on sait qu'il aime participer à des premiers films. C'est marrant d'ailleurs que depuis Barracuda, la carrière de Philippe Haïm ne s'est pas vraiment relevée (Les Dalton, sérieusement...), mais en l'état, ce film-là est une grande réussite.
Boubakar
8
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le 4 oct. 2014

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9 j'aime

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