Qui dit femme dit... nichons ?

La recherche de films, généralement vieux, de Fantasy est une chose plutôt simple à faire. Le problème majeur vient par la suite à trouver un moyen de les visionner, la plupart de ces titres étant sous format VHS. Alors le jour où on parvient à visionner un de ces titres patientant depuis un certain temps dans nos listes d'envie, on est plutôt content et c'est ce qui m'est arrivé avec Barbarian Queen, énième création cinématographique souhaitant prendre le courant à succès de Conan le Barbare, réalisé par Héctor Olivera et entrant parfaitement dans le sous-genre de la Sword and Sorcery/Heroic Fantasy que l'on ne présente plus.
Néanmoins, on ne s'écarte pas du chemin pré-tracé pour les héritiers illégitimes du personnage de Robert E. Howard sur grand écran et le moins que l'on puisse dire, c'est que d'une certaine manière, Barbarian Queen ne déroge pas à la règle malgré des volontés plutôt louables et d'autres plus discutables.

Dans ce film, nous suivons les rescapées d'un village assiégé par les hommes de Arrakur, un tyran qui réduit ceux qu'il considère comme ses ennemis en esclavage. Ce sont alors quatre femmes bien décidées à se venger de cet affront qui partent à la recherche de ce tyran pour sauver les leurs.
Pas plus de spoil, comme à mon habitude.

Et quatre femmes disais-je dans mon résumé car, pensant avoir bien regardé le film, je me suis étonné de voir sur l'affiche du film cinq protagonistes. Donc, si quelqu'un a une explication à me proposer autre que "les mecs se sont trompés/ne savent pas compter", merci de m'en faire part.

Globalement, du point de vue de l'histoire, nous suivons parfaitement - ou du moins bien - l'archétype de ce genre de film : un village assiégé, des morts, des prisonniers et des survivants en proie à une colère sans nom et qui demandent réparation. Là où cela devient originale, plus ou moins là aussi puisque la même année sort au cinéma le film Kalidor : La Légende du talisman qui imposera de manière "plus durable" la figure héroïque féminine, ce qui est le cas de Barbarian Queen, et par quatre fois ! Ainsi, avoir une histoire tournant exclusivement sur des femmes guerrières, dans l'univers de la Fantasy, ça fait du bien quoi qu'on en dise. Si ce point de scénario est tout bonnement intéressant, on ne peut pas en dire autant du film en lui même qui ne laisse absolument pas le spectateur respirer, enchainant frénétiquement les plans et les scènes - l'histoire glisse à toute vitesse - sans nous faire grâce d'un seul moment de réflexion sur ce qu'il vient de se passer à l'écran. Et il s'en passe des choses ! La plupart du temps parce qu'elles doivent se produire : il faut s'attendre à ne pas avoir d'explication à la majorité des événements qui prennent forme dans ce film. Mais le point qui peut, et qui a divisé les foules au sujet du film, c'est son hypersexualisation. A croire que dès qu'une femme se retrouve dans une caméra, on ne peut pas faire autrement que de lui faire arracher ses vêtements ; les seins attirent, c'est bien connu ! Plus sérieusement, on peut comprendre le choix "artistique" d'enchainer les scènes de viols ou d'humiliation envers les femmes car, film de Sword and Sorcery oblige, on demeure dans la définition (en proposant, point le plus important, une figure féminine forte - ici le personnage principal, logique) du genre mais il faut avouer qu'il y a une légère exagération dès lors qu'il n'y a pas un seul quart d'heure où on ne nous montre pas une poitrine dénudée ou une scène de violence sexuelle. Il y aurait pu avoir un meilleur dosage dans ces volontés. Mais dans l'ensemble, l'intrigue est agréable, s'autorisant même quelques rebondissements bienvenus.

Pour ce qui est des personnages et des acteurs, la troupe de guerrières est fort sympathique, offrant un membre avec une caractéristique particulière : la chef (l'héroïne en gros), celle qui ne pense qu'a manger, la fidèle dévouée et celle qui, suite à une humiliation, s'est recluse dans une bulle de solitude. Très sincèrement, de ce point de vue là, il n'y a rien à dire. C'est peut-être cliché mais ça fonctionne à merveille ; on n'en demande pas plus, pas moins. Néanmoins, si les actrices semblent investies dans leur rôle, il faut souligner que le doublage décrédibilise absolument tous les efforts des actrices, nous faisant entrer progressivement dans ce monde merveilleux du nanar.
Et hormis nos quatre protagonistes et deux-trois acteurs masculins dans les rails, il n'y a pas grand monde pour assurer un spectacle satisfaisant. Le reste du casting demeure vraiment minimaliste et sans grande profondeur, ce qui est dommage.

Pour ce qui est des effets spéciaux, rien à dire puisqu'il n'y en a pas. Content d'avoir eu du "vrai' sang pour les combats cependant. En même temps, pour 1985, du sang numérique aurait vraiment été anachronique. Par contre, les armes du magasin de jouet d'en face sont incroyables. Les années 80...

Pour ce qui est des combats puisqu'on en parle, c'est assez limite. On a de belles scènes d'affrontement mais la plupart des plans centrés sur les duels présentent des combats plutôt mous, les acteurs ayant peut-être peur de se blesser entre eux.

Et pour clore les différentes parties de mes critiques, les musiques sont intéressantes et agréables tandis que pour les paysages, il n'y a vraiment rien à dire dessus si ce n'est que nous sommes sur du basique.

Barbarian Queen est somme toute un film intéressant, plein de bonnes volontés mais à la direction assez catastrophique. Le rythme bien trop rapide, les personnages secondaires absents et l'hypersexualisation gâchent à leur façon ce divertissement qui avait toutes les cartes pour proposer quelque chose de bon pour le genre de l'Heroic Fantasy. Et nous ne parlerons pas de la version française (que j'apprécie pourtant) qui aide à rabaisser ce film. De bonnes volontés mais pas mal de bâtons dans les roues. Il demeure néanmoins un film à regarder par simple curiosité, pouvant séduire les plus acharnés et ancrés dans l'univers Sword and Sorcery.
Et n'oubliez pas que la Fantasy nous appartient !