Barbarian, série B du moment estampillé Disney plus, à visiblement beaucoup de chose à nous dire mais ne semble pas, in fine, trop savoir quoi, au juste, raconter.



L'action principale du film est située dans la ville de Détroit, hyperbole éternelle d'une déflagration économique et sociale qui donne globalement valeur, dans l'imaginaire contemporain, pour l'entiereté des banlieues du territoire nord américain.


On y croise d'abord un couple de fortune qui se retrouve coincé dans l'enfer des location AirBnB.


Puis on s'attache à la trajectoire d'un néo-youpie hollywoodien lui aussi à son tour, coincé dans autre facette de l'époque, l'enfer du #metoo.


Les voilà enfin tous réuni dans une comédie infernale dont l'issue sera aussi vaine qu'anecdotique. On se doit d'exulter sur la survivance du bien-pensant et du naïf, car nous voilà au final nettoyer de toute cette barbarie dont le film s'était fait un supposé programme, un peu à l'image d'un James Bond devenu une icone toxique (littéralement) et qui déciderait de s'auto-effacer de l'imaginaire collectif à l'occasion d'un immense feu "purificateur".


Pas d'irrégularité dans le constat, rien qui ne dépasse, surtout pas de transgressif: les choses rentre dans l'ordre et l'incident est clos. Les pourris et les pauvres meurent, même pour la blague. Les monstres s'effacent d'eux-même. Pas d'avant et encore moins d'après: la protagoniste principale repart dans la nuit de son époque comme si de rien était.



Barbarian commence comme un film d'horreur à commentaire social, style Jordan Peele, puis virant à un délire à la Kevin Smith (ici incarné par Justin Long et le potache de situation), le tout soupoudré d'une écriture au buldozer, se voulant irréverencieuse comme avait pu l'être le Tarantino des années 90 et allant jusqu'à littéralement le citer avec le choix de la musique (et du montage) du générique de fin. Bref, vous l'aurez compris, Barbarian est un gigantesque patchwork, à l'image de son monstre, progéniture incesteuse dégénérée, bébé d'un bébé d'un bébé. Tant et si bien qu'à la fin, peut importe les discours, tout comme les indice de mot qui sorte de la bouche de cette monsturosité (gaga, mama, baby), plus rien n'est audible. Ou plutôt plus aucun discour n'est digne de l'être.


Je me demande, pour aller plus loin dans cette analogie, si le metteur en scène, également sénariste, ne se retrouve pas dans cette horrible personnage de tueur en série, séquestrant toute ces femmes et se filmant entrain de les enfanter. Est-ce que le Barbare du titre, celui qui fait son shopping aussi bien dans les magasin qu'en suivant des femmes dans la rue, ne serait-ce pas, in fine ce pourfendeur d'imaginaire ultime, cet aspirant cinéphile qui se serait réver toute sa vie grand metteur en scène de cinéma en se promenant dans les rayon d'un vidéoclub?

Hasard du calendrier, j'ai pu voir le même jour un autre film récent, Alone, de John Hyams, sorti deux ans auparavant et dont la trame, aussi limpide qu'une rivière, aussi intense q'un torrent d'eau déchainé, ne laissait jamais la place au commentaire sociale.

Seulement voilà, à la fin, ce qui reste de la situation, et ce que ça dit de notre époque, c'est d'abord dans le regard que ça passe. Et ce regard caméra qui clos Alone en dit cent fois plus sur les années 2020 que tout ce que le film de Cregger essaie de raconter pendant plus d'une heure trente.


Reste ces dédalles sous-terrains, vraie bonne idée de cinéma, géographie cachée et qui se laisse découvrir, en ligne droite, au fur et à mesure que l'on s'enfonce dans les ténébres, porte après porte, cachées en trompe l'oeil, s'enfilant les unes derrière les autres comme des poupées gigones. Il aurait fallut un peu moins de style et un peu plus d'imagination pour en faire une carte de route emblatique à l'ère de l'autoroute du streaming.


Au lieu de ça, Barbarian passe plutôt pour la roue de secours des cinéphiles.


lien vers la critique sur ma page youtube: https://www.youtube.com/watch?v=RQhCPmOEVfg



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le 4 nov. 2022

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