Une question de temps

Pas aussi nul que j'aurais cru.

L'intrigue reste tout de même faible ; c'est clairement un film de propagande avant tout, avec des répliques ressemblant plus à un discours de tolérance qu'à un dialogue narratif. C'est parfois un peu lourd, un peu maladroit, mais aussi un peu comique tant ça manque de subtilité. En fait, on a l'impression d'être face à une recette similaire à un actioner, sauf qu'au lieu d'avoir des soldats méchants, ce sont des élèves homophobes. Mais bon, ça aurait pu aller plus loin dans ce registre et puis une petite touche d'humour n'aurait pas été du luxe. parce que vois débiter de tels dialogues aussi sérieusement, forcément, c'est cocasse. Et c'est dommage parce qu'il vaut mieux rire avec le film plutôt que de rire contre sa volonté. Les conflits sont assez rares aussi : soit le héros subit, on est alors dans du misérabilisme et il n'y a aucune sortie, soit il triomphe trop facilement (une fois qu'il se rebelle contre ses agresseurs, il n'est plus du tout emmerdé, ce qui donne l'impression que sortir de cette spirale est facile ; heureusement que le père de l'autre tarlouze n'a pas cédé trop vite, sinon ça aurait été vraiment naze... mais bon, on sent bien qu'il lui faudra pas très longtemps puisqu'il est quand même venu voir le match et que les paroles de son fils ne l'ont pas laissé indifférent).

Je me demande si c'est voulu réaliste. Parce que bon, si c'est le cas, ça voudrait dire que les français sont très homophobes. Surtout que là on est dans des quartiers chics, une population favorisée et donc plus apte, il me semble, à accepter l'homosexualité. Ou alors c'est juste une fantaisie... Comme dans les Rambo et autres actioners, comme dit plus haut. Parce que bon, y a des gays dans l'école où je travaille, ça ne pose pas vraiment de problème, ou en tous cas ce n'est pas aussi flagrant. Y a même un travesti et la direction l'accepte très bien. En fait, on dirait que le film a été écrit il y a 10 ans. Je ne doute pas que les homo aient parfois du mal à s'intégrer, mais ce film semble généraliser cela. Et puis aussi, je suis surpris, avec ce genre de sujet, que les auteurs n'abordent pas plus les méthodes de bulling ; il est clair qu'aujourd'hui la majorité des moqueries passent par internet, ici ça n'aura servi qu'à propager la photo durant les 10 premières minutes du film.

Faut savoir que j'ai regardé ce film pour Catherine Jacob même si elle n'est pas très sexy dans ce film. Elle a tout de même la scène la plus poignante (parce qu'il y a tout de même un peu d'émotion qui passe par le film, le même genre que dans les films de Emerich, mais moi j'aime bien les films de Emerich, donc c'est pas un problème) ; Timsit joue sobrement, correctement, sans plus. L'autre père joue assez bien. Les autres acteurs sont bofs, surtout les ado. En fait, on sent bien la différence entre les plans où les acteurs s'y sont mis à fond et ceux où il s'agit de faire raccord avec la suite, où ils doivent juste prendre une pause similaire au plan dramatique suivant.

Faut dire que la mise en scène est un peu maladroite. Certes, pour un téléfilm, c'est bien torché, y a un effort esthétique louable, mais la photographie est parfois un peu plate et puis la manière de mettre les éléments en scène ne fonctionne pas toujours. On trouve aussi des tombées d'énergie d'un plan à l'autre, c'est très inégal. Les décors sont chouettes : j'aime bien les pots de fleur avec photo de chaque membre de la famille, c'est tellement kitsch ! Et puis bien sûr la porte bien naze quand la mère la défonce : on se rend alors compte que le père, en plus d'être raciste et imbu de sa personne, il est radin ! Avec tout le fric qu'il gagne, il aurait pu installer des portes pleines et solides !

Bref, pas top. Mais pas le gros flop attendu. Faut dire aussi que le comique involontaire lui fait gagner des points à mes yeux.