Bad Samaritan par cherycok

Le producteur Dean Devlin (Godzilla, Stargade, Independance Day) se lance coup sur coup à la réalisation de longs métrages en 2017 puis 2018 avec les films Geostorm et Bad Samaritan, après s’être prêté à l’exercice sur la série Leverage (2008-20212) et le téléfilm Brain Trust (2011). Deux films qui n’ont rencontré que peu de succès dans les salles, peut-être à cause des critiques mitigées à leur sortie, et qui sont passé au final complètement inaperçus malgré la présence de Gerard Butler pour le premier et de David Tennant pour le second. Et comme on aime bien parler en ces lieux de ces films qui n’ont pas fait grand bruit, à la recherche de ces petites pépites oubliées, nous allons nous intéresser aujourd’hui à Bad Samaritan. Alors « pépite » n’est pas le meilleur terme pour définir le film et les reproches qui ont été fait au film sont souvent justifiés. Néanmoins, ce Bad Samaritan se laisse agréablement regarder et pourrait bien faire son office à qui a envie de se poser devant un petit thriller certes pas parfait mais qui a néanmoins des bons points.

Le scénario a déjà été vu. Des personnes qui s’introduisent chez quelqu’un et qui remarquent que cette personne cache quelque chose de grave, ce n’est pas nouveau. Le jeu du chat et de la souris qui en découle est plutôt intéressant, avec une tension qui arrive assez rapidement et un suspense bien géré. Ce qui est un peu plus problématique, c’est la logique qui est parfois un peu mise à mal. Par les réactions des personnages déjà, qui vont dans le sens où le scénario veut qu’elles aillent, quitte à paraitre un peu (beaucoup ?) étrange au point de rendre certains personnages assez stupides, comme par exemple le policier incapable de se rendre compte des choses même lorsqu’il a (presque) toutes les infos devant les yeux. Et du coup, certains passages ne fonctionnent qu’à moitié car on sent que Bad Samaritan est un peu téléguidé. L’intrigue n’est pas poussée à fond et abandonne même certaines idées qui auraient pu être sympathiques alors qu’il en présente d’autres qui au final n’ont que peu d’utilité, ou alors qui ont une conclusion pas suffisamment satisfaisante (la scène de l’hôpital qui n’a pas réellement de finalité). Le film prend un certain temps à décoller pour tenter de planter le décor, mais lorsque le cambriolage tourne mal et que les sensations fortes commencent, les choses s’accélèrent et le rythme ne faiblit pas. Pas d’action à proprement parler ici, à par le temps de quelques rares scènes, mais plus le plaisir de voir le piège qui se referme petit à petit sur le personnage central et celui de voir où la folie de l’antagoniste va mener l’histoire. On regrettera que le méchant ne soit pas plus développé. Bien que le film nous donne petit à petit les pièces du puzzle pour comprendre les faits qui l’ont rendu ainsi, ce n’est pas réellement suffisant et cela manque un peu de détails. C’est dommage car souvent, un des plaisirs des thrillers est d’en savoir plus sur leurs méchants, surtout lorsqu’ils sont marquants, et Tennant l’est ici, surtout lorsque la folie de son personnage se lit dans ses yeux. Il se concentre davantage sur l’effondrement psychologique de ses victimes plutôt que de les tuer lorsqu’elles deviennent problématiques, les enjeux ne cessent donc d’augmenter pour le héros.

David Tennant tire son épingle du jeu et de loin. Ses talents d’acteur ne sont plus à démontrer et il s’investit toujours à fond dans les personnages qu’il interprète. Ici, il est assez impressionnant en psychopathe très intelligent qui sait brouiller les pistes et qui prend plaisir à « perturber » la vie de ceux qui cherchent à arrêter ses plans diaboliques. Sur certains plans, il fait juste peur et son regard est à glacer le sang. Robert Sheehan ne démérite pas non plus avec ce personnage à bout de nerf qui a envie que les choses rentrent dans l’ordre. Il semble croire à son rôle et cela se ressent. Le reste du casting est un peu en deçà et on sent qu’ils intéressaient moins le scénariste et le réalisateur. La mise en scène est parfois un peu problématique car manquant d’inspiration. Alors qu’il y a moyen, surtout pour ce genre de film, de laisser exprimer sa créativité sur la composition des plans, sur le placement de la caméra, tout est ici très scolaire et au final lambda. Du coup, certaines scènes de confrontation entre le héros et l’antagoniste manquent clairement de puissance alors qu’elles sont souvent l’apothéose dans les thrillers. Bad Samaritain ne se termine pas aussi bien qu’on l’aurait espéré, laissant de nombreuses questions sans réponse. La photographie est par contre travaillée, avec un joli travail sur la lumière et les couleurs. Au final, c’est un film correct, capable de trouver des moyens de parfois faire sursauter et d’essayer de garder le spectateur engagé dans cette chasse à l’homme. Mais son traitement le dessert malheureusement un peu, au point qu’on a plus l’impression de voir un épisode, certes plus long et plus luxueux, d’une série policière comme Les Experts ou Esprits Criminels. On se demande même s’il n’a pas été pensé au départ comme un film destiné à la télévision plutôt que pour le cinéma.

Bad Samaritan offre quelques sensations fortes et une très bonne performance de David Tennant en psychopathe, mais la mise en scène du film est bancale et le scénario au final assez banal. Le résultat est un thriller correct mais qui ne marquera pas les esprits.

Critique complète avec images et anecdotes ici : https://www.darksidereviews.com/film-bad-samaritan-de-dean-devlin-2018/