Avis au spectateur : récipiendaire de l'ours d'or à Berlin, interdit au moins de 18 ans (il y a deux minutes de porno amateur au tout début), le film connaît depuis peu un battage médiatique qui ne doit pas dénaturer ses ambitions. Il s'agit avant tout d'une œuvre engagée, sympathique, et un peu expérimentale, qui construit en trois temps une critique de l'hypocrisie de certains aspects très conservateurs de la société roumaine. La première partie est assez lente mais plutôt jolie, la seconde drôle et volontairement décousue, et la troisième, qui prend la forme d'un procès, constitue le cœur du film. La première et la seconde partie servent ainsi la troisième, en posant tout le cadre nécessaire à la compréhension des arguments qui y sont avancés : personnalité des personnages, Bucarest, et un ensemble de faits sur l'histoire et le récit national roumain.
La force du film réside dans sa belle alternance de tons pour traiter un sujet important, à savoir la place de la femme dans la société roumaine. Tantôt satirique, tantôt argumentatif, le film sert son propos avec efficacité ; il est même difficile de ne pas ressentir de la colère face à certaines scènes de la troisième partie.
Selon moi, il est dommage et paradoxal que le film soit interdit aux moins de 18 ans, tant le débat sur place de la femme et notamment le rapport à la pornographie sont bien abordés. Il fait peu de doutes que ces débats mériteraient d'être portés aux adolescents, et d'une certaine manière, c'est tout le propos du film.