Sans ce poil dans la main monumental des studios hollywoodiens de faire du neuf avec du vieux, et encore plus si ça provient des années 80 à 2000 (vu que ce sont les trentenaires d’aujourd’hui qui vont en salle revoir les héros de leurs enfance/adolescence), Bad Boys III n’aurait probablement pas vu le jour. Difficile de savoir si cela aurait été pour un mieux ou non.


Qu’il est difficile pour ne pas dire pénible de revoir le duo Will Smith/Martin Lawrence reprendre du service 17 ans après le second volet. Le poids du temps qui passe et des kilos en trop ne les ont pas épargnés, loin de là, et là où un Arme fatale 4 assumait de sentir un début de naphtaline, Bad Boys III veut faire fi de la réalité et faire croire au spectateur que les deux super héros ont toujours la pêche. Hélas, l’illusion ne fait pas long feu, et voilà nos deux héros qui deviennent non plus actifs mais passifs, ressort comique pachydermique pour l’un et cinquantenaire en crise pour l’autre, acteurs ventripotents du cataclysme qui leur tombe dessus en la personne du bad guy beaucoup trop fort pour eux.


Il y a quelque chose de métaphorique, peut-être, dans cette description des héros, tant elle est incarnée par l’esthétique du film elle-même. On dira ce qu’on voudra de Michael Bay, mais il a su insuffler un vent incroyablement revigorant dans les années 90, avec Bad Boys premier du nom en figure de proue. Bad Boys III est très loin derrière désormais, ne dictant plus l’esthétique action-clipesque à la mode mais la subissant : même plans au drone, même montage cut, même surenchère, même ralentis, même trop de ceci et pas assez de cela. Et j’ai vraiment du mal à écrire ce paragraphe tant je voue une profonde affection (allez, j’avoue, admiration) au duo El Arbi et Fallah, les deux cinéastes belges propulsés le temps d’un film (Black) dans le cercle des yes men hollywoodiens qui savent faire. De toute évidence, les deux cinéastes belges s’éclatent, vivent le rêve à 200 à l’heure et parviennent même de ci de là à imposer leur patte (le travail sur les couleurs est énorme) pour donner un cachet un peu personnel au projet, mais impossible pour eux de faire plus de toute évidence vu le paquebot qu’ils manœuvrent comme quatrième film à à peine la trentaine d’années.


Au final, Bad Boys III et son scénario cousu de fil blanc en touche une sans secouer l’autre comme on dit, divertissement assez propre mais beaucoup trop long, trop lent, trop boursoufflé pour totalement convaincre. S’il permet néanmoins au duo de réalisateurs de poursuivre leur carrière aux USA, le film en valait le coup. Quitte à subir, comme un ultime affront, l’annonce d’un Bad Boys 4 en préparation réalisé par… Martin Lawrence himself.


Watcha gonna do, watcha gonna do…

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le 27 mars 2021

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