Voilà un film dont on se serait bien passé.
Un conseil : si vous ne connaissez pas la vie d'Amy Winehouse, faites donc un tour sur sa page Wikipédia et fantasmez les à-côté plutôt que de voir Back to Black, qui surprend autant qu'un sac à dos Basic Fit dans les rues de Paris.
Je ne sais pas s'il s'agissait d'une tentative d'hommage à l'origine, mais force est de constater que si telle était l'ambition, le film a failli.
On assiste à un exposé un peu bêta, totalement déshumanisé sur la vie d'Amy et, soyons honnêtes, s'il n'était pas question de cette star mondialement connue, ce film n'aurait aucune espèce d'intérêt.
Les musiques sont mal exploitées et ne servent que de gimmick pour réveiller le spectateur assoupi par les intrigues insipides dépeintes à l'écran.
On ne fait pas la part belle au mal qui ronge Amy et encore moins à ce qu'elle fait de tout ce noir qu'elle broie.
Ce que j'aime retrouver et ressentir quand je vois une œuvre sur un.e chanteur.se, c'est l'inspiration bouillante qui déborde de partout, qui transpire. J'aime toucher du doigt le cœur de l'artiste, comprendre d'où il vient, avoir envie de le [sup]porter comme si j'avais contribué à son succès rien qu'en réservant ma place pour son biopic généralement posthume (ouaip, bienvenue à Boulard Land).
Là, rien de tout ça ne nous attend. Rien ne nous attend tout court, d'ailleurs.
Les acteurs jouent leur rôle comme ils auraient joué pour un téléfilm lambda et le réalisateur ne nous propose rien. Aucune vision, aucune émotion, aucune singularité.
Quelle erreur de penser qu'un passionné était aux manettes et qu'il n'avait pour seul objectif que de nous faire découvrir une facette inconnue d'une personnalité pas si connue, en définitive.
Back to Black, c'est Martine à Hollywood.
On a Amy dans sa chambre, Amy au pub, Amy bourrée, Amy droguée, Amy et son papa, Amy et son crush puis mec puis ex puis mari puis ex-mari, Amy sur scène, Amy clean pendant 2 secondes et feue Amy. Rideau. Par ici la sortie.
Au final, on sort de la salle en se demandant : mais qui est Amy ? Qu'est-ce qui la tourmentait réellement ? Qu'est-ce qui l'inspirait ? Comment a-t-elle vécu la déflagration provoquée par son succès exceptionnel ? Et la désintox ? Quelle place prenaient ses démons alors qu'elle était clean ? Le personnage de la mère est inexistant jusqu'à la fin, alors quelle était sa place dans tout ça ? Et son père ? Lui qui est de quasiment chaque plan est tantôt aveugle, tantôt impuissant, tantôt père, tantôt manager, tantôt coupable de non-assistance à fille en danger, tantôt épaule sur laquelle compter. Ce père aux visages multiples est pourtant si transparent.
Je me suis posé plus de questions en sortant qu'avant de prendre ma place. C'est bien la preuve que quelque chose manquait et que cet hommage n'est pas à la hauteur de l'icône que représentait Amy Winehouse.
Si je devais malgré tout finir sur une touche positive, je dirais que l'Amérique a toujours le mérite de faire réellement chanter ses acteurs et ça, c'est fort !
J'ai aussi aimé réécouter le titre Valerie grâce à ce film tout plat. Voilà.