Aya et la Sorcière
4.6
Aya et la Sorcière

Long-métrage d'animation de Gorō Miyazaki (2020)

Bon, après vérification je m'aperçois que certains grief que j'avais contre Aya et la Sorcière (et que pas mal de gens ont contre ce téléfilm) disparaissent lorsqu'on a quelques infos sur le projet : c'est la première partie d'une série de téléfilm ayant pour personnage principal Aya et c'est sans doute pour cela que le film a l'air d'être une ébauche : c'est normal, c'est juste le prologue.


Contrairement à son père, j'ai de la sympathie pour Goro Miyazaki : J'aime bien Les Contes de Terremer (à l'exception d'une fin incompréhensible) et encore plus la Colline aux Coquelicots que je trouve être un petit slice-of-life lycéen pas déplaisant. Mais les gens ne l'aiment pas et j'ai l'impression qu'on lui reprochera toute sa vie de ne pas être son père, qu'importe si ses productions sont bien plus modeste... et n'ont pas vocation à l'être.


L'incompréhension d'Aya et la Sorcière vient aussi qu'il a été diffusé à Cannes 2020 en tant que film unitaire, alors qu'il n'avait ni le budget, ni pour projet d'être un grand film. Les gens attendaient au tournant une production d'une tout autre envergure. Pour couronner le tout, en France, la moitié des gens le confondent avec un film d'Onebayashi dont le titre est similaire, Mary et la Fleur de Sorcière qui a la réputation d'être confondu avec un Ghibli (et qui ne fait rien contre.)


Le gros problème du film, c'est surtout qu'il essuie les plâtres du département 3D de Ghibli. Et qu'on se demande (surtout en voyant les artworks) pourquoi ils se sont engagés dans cette voie-là, eux qui sont TRES BON avec de la 2D. Du coup, ça donne un résultat qui est "pas ouf" : c'est mieux animé que Sam le pompier ou Pat Patrouille, mais ça atteint pas ce que fait Pixar, Dreamworks, voire même Illumination Entertainment. Et ça se sent : on reste très souvent dans les mêmes décors (histoire de garder les mêmes assets) les personnages sont assez peu nombreux et ils sont rarement très nombreux, etc...


Le problème c'est que c'est du Ghibli au rabais tant sur le fond que sur la forme et que tu attends de Ghibli que ça soit tout SAUF du rabais : c'est un studio qui s'est fait connaitre pour la beauté de son animation et pour la créativité de ses scénarios qui tombe jamais dans le rabaché ou dans le manichéisme facile.


Et... le film est un peu manichéen. On se retrouve avec une jeune fille qui a été adoptée par une méchante sorcière et un méchant démon et qui tente de s'enfuir avec l'aide du chat (qu'elle confond avec son ancien camarade de l'orphelinat, running gag pas drole.) Et c'est un peu le seul sujet du film jusqu'à la toute fin...


Où l'on apprend que les deux tortionnaires d'Aya ne sont pas si méchants que ça : l'une est une femme plutot bourrue qui et l'autre est un démon puissant (qui pourrait bien être le père d'Aya.) Et ils ont formés un groupe de musique ensemble avec la mère d'Aya. Ils se mettent à former une famille tous ensemble, et avoir des serviteurs démons ... et on revoit la mère d'Aya et le film se termine là.


C'est pour cela que je suis assez partant pour une suite puisque le film s'est coupé au moment où les personnages gagnent vraiment en dimension, où on va enfin en apprendre plus sur le groupe de musique, sur l'univers qui entoure les sorcières et de pourquoi la mère d'Aya l'a abandonné.


Du coup, je comprends que des gens se soient imaginés que Goro Miyazaki, en voulant surfer sur les traces de son papa a adapté un roman de Diana Wynne Jones un peu au pif. Cerise sur le gâteau que ce soit l'affiche américaine ou l'affiche française, les deux nous vendent n'importe quoi : avec dans l'un Aya qui chante dans le groupe Earwig (ce qui n'arrivera jamais) et dans l'autre, le personnage de Custard est mis sur l'affiche derrière Aya alors qu'il disparait au bout du premier tiers.


Pour couronner le tout la localisation est pas ouf : pourquoi avoir gardé le nom Aya (qui a peu de sens en français) et pas Erica (le nom qu'elle avait dans la nouvelle d'origine ?) ce qui nique tout le suspens autour du titre du disque d' Earwig (son nom étant à l'origine Earwig ou Erica Wigg comme l'on nommée les dames de l'orphelinat.)


Bon, le public occidental a détesté le film... mais au fond, j'ai l'impression que ça ne nous était pas destiné et j'espère une bonne surprise dans la suite.


Est-ce que je le montrerais à des enfants ? : Honnêtement, oui, c'est relativement inoffensif, même si on a vu mieux.
Possibilité de remake/suite : Je le dis dans ma conclusion : j'espère être agréablement surpris par la suite qui devrait arriver en 2022/2023.
Le détail qui me titille : Ce con de chat. Il ne se met à parler qu'à la moitié du film en prétextant que s'il n'avait jamais ouvert la gueule c'est parce qu'il "n'est pas bavard." Sauf qu'à partir de ce moment là, il ne va pas s'arrêter de jacasser.
Suis-je le seul ? A me dire que ce film et Marie et la fleur de sorcière pourraient se passer dans l'univers de Kiki.

le-mad-dog
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le 11 janv. 2022

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