Auschwitz
3.1
Auschwitz

Film de Uwe Boll (2011)

Just little bits of history repeating.

Uwe Boll avait créé le buzz en 2010 avec un teaser qui avait scandalisé, le mettant en scène en soldat SS attendant que les victimes d'une chambre à gaz finissent d'agoniser. Les auteurs de films comme Ilsa se seraient bien bidonnés de voir l'opinion publique s'offusquer de la sorte et faire preuve d'autant de pudibonderie. Mais voilà, nous sommes au XXIe siècle, le monde est devenu civilisé, les génocides n'existent plus, donc pourquoi continuer à montrer ce genre d'images ? Boll n'attend pas pour donner sa réponse. La même chose est reproduite tous les jours, que ça soit au Soudan, au Rwanda, ou plus particulièrement, en Israël. Auschwitsz n'est d'ailleurs pas un film à proprement parler. Il commence par une courte introduction de Boll qui y explique ses motivations et son intérêt, puis il se rend dans un lycée afin d'y interroger des élèves Allemands afin de savoir ce qu'ils connaissent du plus grand génocide qu'ait connu la planète, et ce qu'ils en ont retenu. Chose qui frappe, la plupart des jeunes interviewés semblent ignorants du sujet, ne le connaissant qu'en surface, voire pas du tout, et surtout, n'ont jamais demandé à leurs grands-parents ce qu'ils avaient fait durant cette période; normal, c'est pas toujours évident de demander à ses aïeux combien de personnes ils ont tué, et surtout se dire après que l'on est le descendant de meurtriers. Boll pique là où ça fait mal, comme toujours il y arrive quand il fait autre chose que des adaptations de jeux-vidéo (cf Amoklauf, Attack on Darfur). S'en suit une partie centrale servant de reconstitution du parcours de Juifs, de leur arrivée en gare jusqu'à leur mort finale, le tout entre-coupé de discussions de soldats, qui sont en réalité bien plus dures que les images elles-mêmes (agrémentées d'ailleurs de quelques documents d'archive).



Bref, Auschwitsz est une production intéressante, pas aussi choquante dans ses reconstitutions que l'on aurait pu le croire, tout dépendant évidemment de la connaissance que l'on a du sujet. Reste qu'il est évident que quiconque n'ayant pas vu d'images ou vidéos d'époque risque d'être pris d'un sacré malaise, surtout que Boll n'a pas omis une chose, les enfants étaient eux-aussi présents dans les chambres, ce qui sera le plus dur à surmonter (en plus de la crémation de l'un d'eux). Au-delà de cette démonstration choc qui pourrait-être taxée d'opportuniste, Boll conclut sa production avec un débat sur les choses à retenir d'un tel massacre, toujours avec ses lycéens. Puis le but réel ne se révèle que lorsque l'on arrive au bout de la pellicule: et nous dans tout ça ? Auschwitsz n'est pas simplement un énième docu-fiction, mais une façon dissimulée de nous démontrer que l'histoire se répète, et que le plus aberrant dans tout ça, c'est que comme durant la seconde guerre mondiale, la plupart ferment les yeux, et n'en ont finalement rien appris.
La production n'est pas exempte de défauts, et Boll annonce en toute humilité que son film n'est pas l'oeuvre ultime sur le sujet, mais davantage quelque chose appelant à la réflexion. Parmi ses défauts, on notera des erreurs factuelles que relèveront les plus tatillons. Le Zyklon B n'était pas seulement un gaz mortel, mais aussi un gaz corrosif, or les Allemands et Juifs forcés à les aider ont bien des masques, mais aucun gants, mais évidemment, cela relève du détail (et puis l'époque de la reconstitution n'étant pas facile à situer, il est difficile de dire si le Zyklon utilisé était ou non corrosif, Kurt Gerstein ayant demandé à l'époque à l'entreprise qui le fabriquait, la Degesch, d'en supprimer cet effet). Autre point, les chambres paraissent un peu vides, alors que les Juifs étaient collés les uns aux autres, et dans le noir, mais il est néanmoins évident que pour des raisons techniques ces détails ne pouvaient pas être conservés.
Pour conclure, si vous avez la tête dans le sable et que quelqu'un a besoin de vous en sortir, Uwe Boll sera là, en plus de son Attack on Darfur qu'il nous avait servi en 2009. Si vous avez fait le tour du sujet et que vous suivez l'actualité, l'oeuvre n'aura en revanche que peu d'intérêt, mais ses interviews resteront néanmoins intéressants, surtout que l'un des jeunes est d'ailleurs loin d'être con.
Mention spéciale pour Uwe Boll, qui nous livre un produit globalement accompli (dans son effet) et vient affirmer son implication dans les sujets importants, lui permettant pour l'occasion de s'éclipser de ses habituelles adaptations de jeux-vidéo pourries.
SlashersHouse
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le 15 févr. 2012

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