Disons le tout net : voilà un film qui ne donne pas envie de devenir paysan (ou entrepreneur agricole, selon une appellation plus moderne). Le malaise agricole (et le mal-être de l'agriculteur) est au cœur du sujet. Déjà, dans son documentaire Les fils de la terre, le réalisateur Edouard Bergeon traitait du suicide des paysans français.


Ce premier long métrage n'en est pas aride pour autant : la nature y est belle, les sentiments y sont forts. On est d'autant plus ému par la sensibilité qui se dégage de ce film qu'il s'agit d'une histoire personnelle : le réalisateur raconte sa jeunesse à la ferme, la vie de sa famille que rythme les saisons, la moisson, la vente des chevreaux, l'arrivée des poussins (beaucoup de poussins) et le désarroi grandissant de son père, épris de modernité mais dépassé par le réalisme froid d'une économie en crise.


Guillaume Canet campe avec beaucoup de justesse cet homme qui aime son travail et qui perd pied, pris en tenaille entre un père agriculteur d'une époque révolue, à qui il ne sait pas demander de l'aide, et un fils qui veut prendre la relève d'une exploitation à laquelle il ne croit plus.


Il est très bien épaulé par Rufus, bourru et maladroit, Veerle Baetens (faux air de Julia Roberts) et le jeune Anthony Bajon, bonne bouille déjà remarquée dans la Prière.


Le film n'est pas une satyre sociale misérabiliste. C'est un cri d'alerte, celui d'une industrie en mutation dont certains parviennent à tirer leur épingle du jeu mais où d'autres sortent cassés, brisés par une vie de travail 7 jours/7 qui les laisse en redressement judiciaire.


On attend avec davantage d'optimisme Tout est possible (The biggest little farm), documentaire réalisé sur 10 ans sur le développement d'une ferme éco-responsable là où rien ne poussait plus : peut-être l'agriculture du futur ?

Floridjan
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le 29 sept. 2019

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Floridjan

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