Un film de guerre, siouplé !

Je veux voir de la franche camaraderie, pas du Soldat Ryan où ça se balade pépère. Du où il y a de la poussière, du sang, des hommes qui meurent et d'autres qui tuent.
De la camaraderie mais pas trop, histoire que ça ne tourne pas en Gay-pride.
Je veux du vieux briscard qui a tout connu. Du jeunot qui, de ses yeux de puceau, sait qu'il imprime un truc pas catholique qui le poursuivra jusque dans son dernier soupir.

La croix, pour commencer. Histoire de planter le décor. Comme pour te signifier qu'Il est là, que tout se passe sous son regard acéré. Son ombre sur ce cimetière de fortune, posé là parce que les hommes y crèvent. Et Lui, paisible, contre vents et marées.
Stoïque.
Le voyeur Suprême.
C'est toujours porteur (si j'ose dire) de placer Jésus dans les parages, Il est témoin et n'interviendra que s'il s'ennuie. Comme d'hab.

En bas, proche du sol boueux et du feu, du sable, d'autres salopards.

Lee a toujours cette trogne de vieux caillou, le sourcil broussailleux comme un vieux buisson sec et affreux. C'est le militaire qui connaît la guerre, son immense monstruosité, et qui, brisé à jamais, tente de recoller les morceaux de son âme par la seule chose qu'il sache faire, être profondément absurde et totalement guerrier. Ce qui est la même chose .
Le genre de mec avec qui tu voudrais être pote mais qui n'est pas le genre à se faire des copains.

Mark Hamill, loin de l'espace, proche de l'espèce, l’œil bleu, toujours aussi folle, la mèche hein. Correct dans le rôle du candide.

C'est plein d'émotions, Fuller filme les visages de près. Les yeux, proches. Lee Marvin qui mange, proche. Trop proche.

Pourtant ça reste de la balade, on patrouille, on patouille et comme aurait lâché Lance, en apprenant qu'on lui retirait ses Tours de la France : j'm'en bats la couille, car ça reste regardable et même si, ça ressemble à des scènes posées un peu là, sans fil rouge.

Et puis incroyable, le papa Doutey (mais ne t'inquiète pas vite fait), et surtout, accroche-toi car ça risque de te secouer, Guy « putain de » Marchand!
J'ai cru rêver. Mais non, mon con.
Le gouleyant, classieux, jovial, juste, le Guy. Beau gosse, le front déjà haut, c'est bien lui. Dans un film avec Lee Marvin ma glue! Incroyable. Enfin moi je trouve. Parce que là, c'est comme si je voyais débouler un boulevard de calembours et de situations insolites.

Penses-tu, toi qui t'y connais, que ce malotru a osé faire partager au buriné grisonnant la démo de son tube interstellaire, Destinée (http://youtu.be/Vvx2IPEvmw0)? Tu imagines, Lee tapant du pied en tirant sur sa pipe ? En glissant, de sa voix caverneuse : "Ouais ma couille, ça déchire de dingue mais, dis-moi, ça se danse comment ? Tu nous montres ?"

S'escrimant à expliquer à un Mark Hamill tout con les règles de la "tapette sans mouillette" ? Alors que c'est tout simple, quelques images de footballeurs Panini, on ne mouille pas sa main, j'ai dit, Jedi à la con, et on essaie de les retourner en tapant dessus. (jeu fort pratiqué dans les cours de récréation, jadis).

Guy Marchand qui m'a bousillé le film, immédiatement, comme tu le vois, tel le zoli oiseau passant dans les parages et que mon regard suit jusqu'à ce qu'il disparaisse à l'horizon (ça marche aussi avec un joli pétard qui dodeline). Il a pompé toute mon attention, mais je lui pardonne.

Et à Fuller aussi, qui ayant servi lui-même dans la première division d'infanterie, nous la joue trop respectueux, trop testamentaire. N'est pas Papa Peckinpah qui veut, ni même peut. Il faut pour ça ingurgiter beaucoup d'eau-de-feu, mais pas seulement.

Regarde "Croix de Fer" mon ami, je t'en supplie.

Djieke.
(qui se demande s'il ne va pas trouver un moment pour aller se faire une fondue chinoise chez Vong, rue de la Grande Truanderie, Paris)
DjeeVanCleef
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le 14 sept. 2013

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