Critique de Atlantiques par FrankyFockers
Le court-métrage qui a précédé et donné le long, et qui souffre grosso modo des mêmes défauts, même si c'est moins gênant sur un court.
le 28 sept. 2020
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Voilà un film qui ne se laisse pas aborder facilement, un peu comme cette Europe difficile à atteindre et qui n’est au final rien d’autre qu’un mirage. On pense un peu aux naufrageurs, avec ce phare qui clôt le film, et qui n’a en rien empêché Serigne Seck de mourir au cœur des flots. Un homme que l’on voit avant sa nouvelle tentative, qui exprime son irrépressible désir d’aller vivre en Europe, pour sa famille, parce que la survie lui semble plus facile que chez lui.
Alors qu’il a eu peur de mourir, du fait de la tempête et de l’immensité des vagues, il préfère tenter à nouveau le voyage, c’est dire s’il est désespéré, ou s’il croit que la vie va être vraiment meilleure de l’autre côté. Pire encore, il savait qu’il allait mourir, c’est pourquoi il est parti sans dire au revoir, on ne dit pas au-revoir quand on pense ne jamais revenir.
Au sujet de ce documentaire, je suis tombé sur ces quelques mots de Yann Lardeau, je les trouve éclairants alors je vous les livre :
"À commencer par Moonfleet et Jamaica Inn, nous avons tous en mémoire ces contes de naufrageurs attirant les vaisseaux sur les récifs pour qu’ils s’y brisent. Le gros plan des lentilles d’un phare tournant sur elles-mêmes sur lequel s’achève Atlantiques, y fait immanquablement penser. Il n’y a pas de port derrière ce phare, seulement la nuit et l’eau glacée de la mort, le mirage d’une Europe où la survie serait plus aisée, mais inaccessible, ombre décharnée d’un Eldorado qui n’en est pas un, même si, comme toute puissance occidentale elle se nourrit de l’épuisement du Tiers Monde.
"Au revoir, je pars mourir, ça ne se dit pas", confie sur la plage Serigne à ses amis, rescapé d’un naufrage qui le hante, mais bien décidé à repartir tant survivre au Sénégal est devenu une chose impossible. Que ce soit cet adieu à ses amis ou le récit de sa première traversée, la nuit l’enveloppe déjà. La lumière n’est plus de son monde. Elle est restée au village, sur les visages en pleurs des femmes et les tombes."
Comme je l’ai lu ailleurs, c’est la parole d’un absent que l’on entend dans ce film. Les morts parlent encore, parfois. Ils ont tant à nous dire...
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Créée
le 15 mars 2019
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