At Eternity’s Gate
6.4
At Eternity’s Gate

Film VOD (vidéo à la demande) de Julian Schnabel (2018)

Voir le film

La mise en scène est très riche, Dafoe est impeccable mais le film est ennuyeux et trop contemplatif

Julian Schnabel est un cinéaste qui a toujours frayé avec les arts dont la peinture dans la majorité de ses œuvres et de ses documentaires hormis peut-être dans son film le plus connu chez nous « Le scaphandre et le papillon » avec Mathieu Amalric, ici dans un second rôle. Celui qui a mis en lumière le plus contemporain Basquiat avec son film éponyme fait un énorme saut arrière dans le temps en mettant en images l’un des peintres les plus connus qui soient : Vincent Van Gogh. Le sujet a déjà été traité avec le récent documentaire « La passion Van Gogh » ou dans le film des années 90 de Maurice Pialat avec Jacques Dutronc dans le rôle titre. Un traitement naturaliste à l’époque dont « A la porte de l’éternité » s’éloigne pour un style plus contemplatif et plus psychologique. Schnabel tente de percer les démons qui habitaient l’artiste-peintre en sondant les dernières années de sa vie. Tout en se frottant à l’aspect créatif de ses œuvres.


Il n’y a pas à dire, sur ce versant, c’est plutôt réussi. Le film exprime bien la relative folie qui s’emparait de l’homme et qui, peut-être car le cinéaste se garde bien de donner une réponse, se déversait sur son œuvre. Ensuite, il reste difficile d’innover dans le domaine du biopic, même si ce film n’en est pas vraiment un, mais également dans un des sous-genres qui lui est affilié, en l’occurrence le biopic de peintres. On en a eu une flopée dont récemment « Gauguin » avec Vincent Cassel que l’on retrouve ici incarné par un Oscar Isaac pas forcément le mieux indiqué pour le rôle. Mais aussi au sein de long-métrages qui, sans être des biopics, touchent à l’essence même de la peinture comme le très beau « La jeune fille à la perle » de Peter Webber qui s’intéressait à Vermeer. Difficile d’innover dans ce domaine donc et encore plus avec l’un des plus connus d’entre eux, dont les grandes lignes de la vie sont connues de tous. Mais Schnabel fait des choix de mises en scène originaux et adaptés. Pour nous soumettre aux tourments de Van Gogh, il choisit des plans caméras à l’épaule, des plans très rapprochés ou encore une voix off qui se superpose aux dialogues en cours. Des effets de mise en scène payants et en corrélation avec ce qu’il veut nous faire ressentir. Quant au travail sur la lumière, il est impressionnant et donne au film de sublimes plans sur la campagne autour d’Arles.


Mais le metteur en scène tombe trop souvent dans le piège du contemplatif. Certaines scènes s’étirent plus que de raison. Elles pourront charmer certains spectateurs et leur envoûter la rétine mais elles en lasseront aussi beaucoup. De plus, le film est très bavard et certains dialogues semblent trop pompeux et extraits d’un cinéma d’auteur pur jus plus que détestable. Dommage, car d’autres échanges sont passionnants, notamment lorsqu’ils parlent de peinture, Schnabel ne rendant pas cet art trop abstrait pour les profanes. Willem Dafoe est impeccable dans le rôle du peintre, alternant violence renfrognée et moments candides où la folie qui habite le peintre est retranscrite avec finesse, sans excès. Les seconds rôles lui servent la soupe, c’est tout. On trouve malheureusement le temps un peu long, les passages intéressants et les choix techniques pertinents perdant face à trop de moments ennuyeux et plats. « A la porte de l’éternité » n’est donc pas le film définitif sur ce peintre qu’il aurait pu être en dépit d’un traitement tout sauf classique et tous publics.


Pus de critiques cinéma sur ma page Facebook Ciné Ma Passion.

JorikVesperhaven
5

Créée

le 8 déc. 2018

Critique lue 1.7K fois

7 j'aime

Rémy Fiers

Écrit par

Critique lue 1.7K fois

7

D'autres avis sur At Eternity’s Gate

At Eternity’s Gate
Burnham
9

La vie est faite pour semer, la récolte vient après

Immiscion dans la vie du peintre presque aussi connu pour son histoire que pour ses tableaux, nommé Vincent Van Gogh. On connaît tous ses peintures, en passant de La Nuit Étoilée aux Tournesols.....

le 15 févr. 2019

18 j'aime

2

At Eternity’s Gate
SébastienLaurans
3

Critique de At Eternity’s Gate par Alfredo Garcia

Un personnage de 34 ans incarné par un acteur de 64 ans. Filmé caméra à l'épaule peut-être même au pied... allez savoir... malgré une lumière soignée, maladie du cinéma contemporain. Des bavardages...

le 26 févr. 2019

9 j'aime

1

At Eternity’s Gate
Frenhofer
9

Vincent, pour les intimes

Une voix sur fond noir qui répète ses mots Puis un jour, trouble et jaune, qui épouse son regard. Il est ainsi perçu, trébuchant et hagard, Ce film hors conventions, ce qui le rend si beau. Il ne...

le 3 juin 2019

8 j'aime

9

Du même critique

Les Animaux fantastiques - Les Crimes de Grindelwald
JorikVesperhaven
5

Formellement irréprochable, une suite confuse qui nous perd à force de sous-intrigues inachevées.

Le premier épisode était une franchement bonne surprise qui étendait l’univers du sorcier à lunettes avec intelligence et de manière plutôt jubilatoire. Une espèce de grand huit plein de nouveautés,...

le 15 nov. 2018

93 j'aime

10

TÁR
JorikVesperhaven
4

Tartare d'auteur.

Si ce n’est une Cate Blanchett au-delà de toute critique et encore une fois impressionnante et monstrueuse de talent - en somme parfaite - c’est peu dire que ce film très attendu et prétendant à de...

le 27 oct. 2022

88 j'aime

11

First Man - Le Premier Homme sur la Lune
JorikVesperhaven
4

Chazelle se loupe avec cette évocation froide et ennuyeuse d'où ne surnage aucune émotion.

On se sent toujours un peu bête lorsqu’on fait partie des seuls à ne pas avoir aimé un film jugé à la quasi unanimité excellent voire proche du chef-d’œuvre, et cela par les critiques comme par une...

le 18 oct. 2018

81 j'aime

11