Démarrée en 2007 avec le premier opus, la franchise Assassin's Creed a su marquer son domaine par la richesse de son écriture mêlant habilement fiction pure et véracité historique, conjuguée à un gameplay tout aussi riche et offrant une liberté de mouvement assez inédite. Au fil du temps la série à su se réinventer, apprendre de ses erreurs et continue de s'imposer comme un must du genre. Il était évident qu'un jour le cinéma serait amené à adapter l'histoire des Assassins et des Templiers.
Avec Ubisoft à la production, Michael Fassbender dans le rôle titre et Justin Kurzel à la réalisation, à la différence de nombreuses adaptations de jeux-vidéos, Assassin's Creed partait avec de solides avantages. Malheureusement ce qui rend les jeux éponymes absolument géniaux, pénalise pourtant bel et bien cette adaptation cinématographique. Pour résumer grossièrement, si l'histoire de Callum Lynch est inédite et écrite pour le film, elle est en tous points semblable à celle de Desmond Miles revivant les mémoires génétiques de son ancêtre Altaïr Ibn-la'ahad dans le premier jeu de la franchise. Les Templiers sous la couverture de leur multinationale Abstergo, cherchent à récupérer un artefact de la Première Civilisation, dans lequel serait inscrit le code génétique du libre-arbitre : la Pomme d'Eden.
Bien qu'en terme d'écriture tout soit réuni pour évoquer au mieux Assassin's Creed et son univers, le scénario peine parfois à captiver tant il s'évertue à parler de personnages dont il ne façonne pas pour autant la personnalité. Un comble quand on sait à quel point certains personnages de la franchise sont devenus populaires, à l'image d'Ezio Auditore dans Assassin's Creed II, Brotherood et Revelations, ou bien entendu Altaïr dans le premier jeu et Revelations, Connor, Haytham et Edward dans Assassin's Creed III et IV Black Flag, voir même Bayek de Siwa dans le plus récent Origins. A noter que le casting s'il est bon, ne fait pas non plus d'éclats. Ainsi les choix de narration alternent de manière assez mécanique les phases dans le présent et celles dans le passé, on y retrouve d'ailleurs et c'est assez drôle finalement, le côté répétitif qui caractérisait le tout premier jeu. Ainsi va le film, sans apporter d'éléments originaux pour les adeptes de la franchise, mais en ne demeurant pas non plus accessible à un public plus néophyte. Très clairement l'on n'a jamais posé un manette sur l'un des jeux de la saga, difficile d'appréhender cette histoire sans être obligé de se faire un petit topo rapide sur internet au préalable.
Le principale défaut du film réside ici, dans sa capacité à rendre totalement froid et obscur un univers pourtant passionnant et au potentiel énorme. C'est bien dommage car en terme de réalisation l'ensemble demeure solide. Outre la mise en scène qui rappelle habilement celle des jeux avec les plans sur l'aigle en vol notamment, mais aussi les séquences iconiques comme celles du fameux Saut de la Foi ou bien plus subtilement cette caméra tournant en plan large autour d'une tour ou d'un minaret, rappelant la mise en scène en jeu lorsque l'on atteint un point de synchronisation. A cela s'ajoutent des séquences d'action qui ne manque pas d'intérêt non plus, il aurait peut-être été préférable pour certaine qu'elles soient plus lisibles néanmoins, les environnements dans le passé étant souvent poussiéreux ce qui certes amène quelque chose à l'image mais gêne parfois l'appréciation du spectacle. Outre cela voir Aguilar grimpez, rouler, sauter de toits en toits et de mur en mur en utilisant sa lame secrète au passage, est un vrai régal, le "parkour" étant un élément essentiel de la franchise, le film se devait d'être impeccable sur ce point et il l'est.
Assassin's Creed n'est pas une mauvaise adaptation de jeux-vidéos, j'oserais même dire que pour ma part c'est peut-être la meilleure, néanmoins il ne s'agit pas pour autant d'un bon film. Dans un trop grand respect du jeu visuellement, le film perd parfois en intérêt pour ce qui est de son scénario sans éclats. Le grand public peut rester sur la touche et hormis quelques séquences fortes et une ambiance soignée, le film a la plupart du temps du mal à rendre grâce à cet univers. Un format série serait peut-être plus adapté ?