J'ai mis du temps à apprécier le cinéma de Weerasethakul que je trouvais inutilement bavard et pas fondamentalement passionnant, mais petit à petit à force de persévérer il a réussi à l'emporter dans son univers fait de rêves éveillés et d’errances oniriques. Et là ce Ashes, ce court métrage d'une vingtaine de minute, je l'ai adoré.
Il essaye de représenter un rêve à la caméra, sans nous dire nécessairement nous dire dès le départ que c'est un rêve. On voit ainsi une suite d'images se succéder quelque part entre le film et l'animation image par image, le tout filmé à la LomoKino. Ce qui fait qu'il reste avant tout une idée, une impression, comme dans un rêve, les détails ne sont pas forcément accessibles, on voit juste ce que notre cerveau veut bien nous montrer (et là le cerveau c'est Weerasethakul). Tout ne fait pas forcément sens, mais il en résulte malgré tout une ambiance, une atmosphère, une impression d'étrangeté.
Cette impression est renforcée par les techniques qu'il utilise pour son film, les surimpressions, l'écran partagé, les sons qui s'additionnent, ça donne juste une impression de cinéma totalement inédite. Ce film n'est ainsi pas une redite d'un de ses longs métrages, il a sa propre identité et est réellement envoûtant pour ça. Surtout que le film ne se limite à ce simple concept d'images tournées avec une petite caméra 35mm. La voix finit par apparaître et emporter le film dans quelque chose de beaucoup plus mélancolique, mais toujours aussi visuel. L'image bouge moins, la musique lancinante s'élève et le spectateur est bercé vers une autre phase du sommeil et du rêve...