Tout le monde a le droit à une seconde chance, mais il est plus facile d’enlever la boue de ses vêtements que d’en effacer le sang. Il faut entendre par là que la voie de la rédemption peut être pavé de bonnes intentions mais tout autant semé des erreurs passées. Pour Giorgio, il est plutôt question d’emprunter la voie de la réhabilitation, car pour ce qui est de son âme, celle-ci est définitivement damnée depuis qu’il a commis ses exactions dans cette jungle d’Amérique centrale. Il se ressasse souvent cette explosion meurtrière et cette image christique d’un arbre orné des restes explosés d’un cadavre, ayant emporté à tout jamais son innocence. Pourri jusqu’à la moelle, il va également abattre son meilleur ami d’une balle dans le dos, histoire de remiser son passé de guerrieros d’extrême gauche et de rentrer au bercail pour se refaire une respectabilité. Mais son passé violent va le rattraper, et un vice-commissaire véreux va en profiter pour l’embaucher comme indic dans le milieu du crime, durant sa période de probation.


D’abord recouvreur de créances pour un petit mafioso, Giorgio va profiter de son pouvoir pour frapper et détourner de l’argent aux danseuses de la boîte qu’il l’emploi, ou bien baiser avec la femme d’un de ses clients contre intérêt d’une dette contractée et ce contre son gré. Puis il va organiser un casse avec le ripou qui le fait chanter, afin de détourner un transfert de fond de son patron. Cette fois, Giorgio assure son futur, car non content de s’affranchir de l’emprise du maître chanteur, il va aussi se tailler la part du lion avec lui en touchant son premier million même si cela l’engage à éliminer toute son équipe de bras cassés autour de lui, en traître bien évidemment. L’affaire tourne au vinaigre au moment de redistribuer les gains, puisque les snipers croates qu’ils ont recrutés ne se laissent pas aussi facilement berner, mais comme ils sont prévisibles, et ma foi un petit peu con, ils finiront exécuter de manière tout aussi sommaire. Entre le flic et l'indic, il n'y en a pas un pour racheter l'autre et on peut le dire, les deux compères à peaux de vipères ne se sont pas si mal trouvés et forme une admirable paire de crapules.


A partir de là, Girgio peut enfin laisser son passé derrière lui pour s’affairer à son restaurant et soigner son image de marque auprès des politiciens corrompus, tout en faisant profil bas jusqu’à la fin de sa période de probation. Il va vraisemblablement se ranger, se marier, se montrer bien sous tous rapports, mari et gendre idéal, blanchit de tous ses crimes, lavé de tous ses péchés et à l’écart de tout soupçons, du moins en apparence et jusqu’à ce le vice-commissaire Anedda ne vienne de nouveau sonner à sa porte pour le rappeler à ses obligations en le faisant chanter une fois de plus. On ne sort pas si facilement du milieu lorsque l’on a le doigt pris dans l’engrenage, et Giorgio aura bien du mal à maîtriser la situation sans ternir sa relation.


Arrivederci Amore Ciao marque enfin le grand retour de Michele Soavi à la réalisation et s’inscrit dans le giron d’autres œuvres italiennes déprimantes comme Romanzo Criminale sortie un an auparavant, tout en se faisant l’héritage des années de plomb où un anti-héros tout sauf sympa tente de se réintégrer dans une société malade et tout aussi corrompu que son âme. Pas étonnant donc à ce que l’histoire se termine par le succès de sa réhabilitation, glané grâce à son instinct de prédation et de ses nombreuses trahisons. Si l’enfer est pavé de bonnes intentions, le paradis du soleil azuréen en est chaussé des pires, en atteste cette sinistre conclusion ayant l’effet d’un doux baiser mortel.

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le 6 avr. 2023

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