Pour moi, Arabesque, c'est avant tout le nom du cheval de Blutch, le héros "militaro-contestataire" des "tuniques bleues" pour les amateurs de BD dont je suis fervent...
Drôle de titre pour une drôle d'histoire, qu'il faut replacer dans son contexte de l'époque : celui des yéyés.
On se demande même avec cette bête appellation si ce film était destiné à eux plutôt qu'à leurs parents,ces derniers plus attirés par les vieux crooners d'avant-guerre et films à l'ancienne que les chanteurs de twist-rock et les films "nouvelle vague"...
Cette histoire rocambolesque n'est que de très loin arabisante, et se regarde un peu comme "Le Tour du monde en 80 jours " : on allait le voir pour les images, l'action, les paysages, et on se foutait royalement de l"histoire.
De plus, on ne voyait, avant la télé, pas plus de un à deux films par mois à l'époque et on était peu regardant sur les réalisationst.
Le film de Donen était donc délibérément axé sur ce qui se vendait bien à l"époque : en témoignent les trois premiers au box office 1966 : "La grande vadrouille", "Le docteur Jivago", et "Paris brûle-t-il"... Cette arabesque n'a atteint, elle, que 1 214 068 spectateurs en salles françaises, ce qui n'était déjà pas mal à l"époque. D'autant que pour attirer le chaland, il était de bon ton de faire figurer au casting des têtes d'affiche comme Gérgory Peck pour les mamans des midinettes en mini-jupes, et Sophia Loren pour assouvir les fantasmes de leurs époux...
En ce qui converne ces derniers, tragique désillusion : là où notre BB dévoilait impudioquement ses appâts sexuels dans "le mépris", on ne verra de Sophia que le dos timidement dénudé... Et en permanence préoccupée à voiler de draps ses charmes féminins.
Souci constant du film américain : ne pas offusquer dame censure là où les réalisateurs français s'obstinaient à voir jusqu'où ils pourraient aller plus loin dans la provocation... Eternelle pudibonderie US qui lui sera fatale...
A part ses deux têtes d'affiche et les actions à répétition, on en oublierait le scénario plutôt tarte, l'énigme du niveau maternelle et ses hiéroglyphes... On est loin aussi côté suspense d'un Hitchcock, ou d'un Bond au niveau espionnage.
Imaginons une seconde Stéphane Bern et Léa Salamé dans les deux rôles principaux et cette aventure tarabiscotée n'aurait attiré personne...
Tout ça est donc d'un niveau acceptable pour l'époque mais qui a terriblement vieilli de nos jours.
Pour les amateurs d'antiquité ?
Arte le 15.11.2021