Dans le sillage de Charade, Stanley Donen s’amuse à parodier gentiment Alfred Hitchcock, dans cette comédie d’espionnage. Sauf que, ce qui fonctionnait parfaitement dans Charade, c’est que le film s’apparentait à une variation autour du cinéma d’Hitchcock. Le maître du suspense avait en effet dans sa manche cette habituelle mise à distance qui permettait déjà de montrer des personnages dépassés par les événements qu’ils vivaient. En en rajoutant davantage, on se retrouve inévitablement ici face à un pastiche pur et simple ou à un détournement. Or Stanley Donen n’a jamais eu l’ambition d’être un Mel Brooks avant l’heure.


Marchant donc, comme avec Charade, sur les plates-bandes d’Hitchcock, Stanley Donen est ici pris à son propre piège. Le piège, évidemment, est de se retrouver à raconter avec humour, décontraction et distanciation une histoire qui n’a rien de passionnant. Car tout l’art d’Hitchcock reposait sur sa capacité à donner un ton unique à une histoire réellement intrigante. Or, ici, l’histoire n’a, au final, et on le comprend très vite, que très peu d’intérêt, et les rebondissements se contentent de montrer des personnages qui ne sont pas tout à fait ce qu’on croyait qu’ils étaient, la palme revenant à Sophia Loren.


Si la crédibilité de son personnage n’est, a priori dans une parodie de ce genre, pas un souci, cela en devient un pour maintenir l’intérêt de l’intrigue. Léger, parfois distrayant, parfois faussement intriguant, le film se laisse voir, notamment pour Gregory Peck, même s’il est moins à l’aise dans un rôle de "pigeon" qu’un Cary Grant par exemple.


En revanche, on se lassera très vite du maniérisme de Stanley Donen qui multiplie à outrance les jeux de transparences et de reflets. Ce qui, par petites touches, aurait pu apporter une originalité à la mise en scène, s’apparente rapidement à un fatigant exercice de style. Une faute de goût que n’aurait pas commise, même pour le clin d’œil, un Alfred Hitchcock par exemple.

Play-It-Again-Seb
5

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Classement des films vus (ou revus) en 2020

Créée

le 7 janv. 2021

Critique lue 507 fois

5 j'aime

7 commentaires

PIAS

Écrit par

Critique lue 507 fois

5
7

D'autres avis sur Arabesque

Arabesque
Tonto
8

Courons sous la pluie

Eminent spécialiste en hiéroglyphes et écritures anciennes, le professeur David Pollock (Gregory Peck) est contacté par le mystérieux Najim Beeshravi, qui lui demande de décrypter une inscription...

le 11 janv. 2018

10 j'aime

16

Arabesque
chtimixeur
6

Une parodie décomplexée de James Bond

Arabesque peut se regarder de deux manières différentes. Si l'on prend ce film d'espionnage au premier degré, on lui trouvera une multitude de défauts qui laisseront un goût amer une fois le...

le 31 mai 2013

8 j'aime

2

Arabesque
Alligator
5

Critique de Arabesque par Alligator

Une réalisation inventive, mais une mise en scène parfois alourdie par des répliques ou des jeux d'acteurs plutôt moyens. L'humour tombe à plat, les personnages ne parviennent que difficilement à...

le 28 déc. 2012

6 j'aime

1

Du même critique

Astérix et le Griffon - Astérix, tome 39
Play-It-Again-Seb
7

Le retour de la griffe Goscinny-Uderzo

Depuis la reprise de la série par Ferry et Conrad, nos amis gaulois avaient une sacrée gueule de bois. La disparition de René Goscinny avait déjà très sérieusement entamé la qualité des albums même...

Par

le 22 oct. 2021

24 j'aime

23

L'Emmerdeur
Play-It-Again-Seb
9

Pignon, ce roi des emmerdeurs

Premier film mettant en scène François Pignon, L’Emmerdeur est déjà un aboutissement. Parfaitement construit, le scénario est concis, dynamique et toujours capable de créer de nouvelles péripéties...

Par

le 12 août 2022

22 j'aime

10

L'Iris blanc - Astérix, tome 40
Play-It-Again-Seb
4

La philosophie sur le comptoir

Aïe, aïe, aïe... L'arrivée de Fabrice Caro en lieu et place de Jean-Yves Ferri qui venait, à mon sens, de signer son meilleur Astérix dans le texte, était pourtant annoncée comme une bonne nouvelle...

Par

le 14 nov. 2023

21 j'aime

22