Appleseed: Ex Machina
6.3
Appleseed: Ex Machina

Long-métrage d'animation de Shinji Aramaki (2008)

Seulement trois ans après la sortie du premier Appleseed, une suite débarque déjà dans nos salles. Alors que Misamune Shirow a quitté le navire au scénario, c'est un autre grand nom qui rejoint le projet dans la peau du producteur : John Woo. Icône du cinéma d'action qu'on ne présente plus, le réalisateur chinois est engagé afin de bénéficier de sa notoriété sur le marché occidental. Le distributeur entend bien surfer sur ses succès hollywoodiens tels que Volte Face ou Mission Impossible 2 pour s'assurer un succès à l’internationale, ou tout du moins une plus grande reconnaissance. Chose assez ironique quand on sait que John Woo est parti d'Hollywood par la petite porte suite au ratage de Paycheck en 2003. Fort heureusement, son image est toujours intacte et son savoir faire également. En parallèle, le budget alloué au projet a augmenté, tout comme les technologies se sont perfectionnées. Bien qu'une évolution visuelle est indéniable, et que la patte John Woo va faire son effet, l'absence de Shirow pour orienter le récit se fait cruellement sentir dans cette suite en demie-teinte.


Commençons par le point noir du film, son scénario ultra-linaire et déjà vu. Toujours en 2131 et faisant suite aux pérégrinations d'Appleseed, des terroristes (encore) s'en prennent à l'unité d'Olympus composée d'humains et de bioroïds. La cité-état, confrontée à des attaques de plus en plus violentes, suspecte le consortium industriel Poséidon d'être lié au mouvement contestataire. La trame principale, classique, n'évite pas les écueils habituels et les tentatives de brouiller les pistes ne fonctionnent pas. Ayant la majorité du temps une avance sur la progression du récit, le spectateur n'est que rarement, pour ainsi dire jamais, surpris par la tournure des événements. Mention au scientifique censé être le grand «méchant», grillé dès son apparition. On se balade ainsi de rebondissements téléphonés en coups de théâtre manqués.


Heureusement, les réminiscences de Shirow planent sur le long-métrage avec le personnage de Briareos. Homme devenu machine, il est désormais confronté à un clone, identique en tout point à sa version humaine d'antan (corps, visage, voix, démarche). Et le film de raviver les thématiques chères à l'auteur du manga original, questionnant l'humanité de son personnage, si tant est qu'il en possède toujours une, mais aussi le rapport à la chair comme vaisseau de notre personnalité. Existons-nous encore réellement dans un corps bionique ? Le sommet de ces interrogations intervient à mi-parcours, lors d'une fête. Briareos, alors sur le balcon, observe son reflet dans une porte-fenêtre sans teint qui lui fait face. Lorsqu'elle s'ouvre, on aperçoit le visage de Tereus, son clone, se révéler progressivement, superposé à celui de Briareos. L'effet est ralenti, capturant le visage de Briareos dans le reflet, qui s'efface au fur et à mesure que la porte s'ouvre, laissant ainsi apparaître celui de son double organique. Toute la dualité homme/machine mise en scène en un seul plan, et peut être même la dualité humaine tout court. Briareos et Tereus ne seraient-ils pas une seule personnalité scindée en deux entités ?


Côté action le film remplit le contrat. Épaulé par John Woo durant la production, le film multiplie les hommages, entre ralentis, lâché de colombes, combats léchés et courses poursuites à moto. L'admiration ira même jusqu'à recréer tout une fusillade dans une cathédrale, renvoyant au final démesuré de The Killer. Deunan et Briareos y apparaissent dos à dos, dessoudant du terroriste tout autour d'eux pendant que la caméra s'envole lors de travellings circulaires ralentis que John Woo lui même n'aurait pas reniés. Couplé à un design de mecha toujours aussi inventif et assuré par Aramaki lui-même, Appleseed Ex Machina assure le spectacle. Malgré un récit en dedans et une certaine redite du film original, il s'impose comme un second opus mineur mais pas inintéressant.

PowerSlave7
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le 16 janv. 2024

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