Passons rapidement sur le fait qu'Antilles sur Seine n'est pas une franche réussite. Légitimus ne semble pas vraiment savoir dans quelle direction il veut mener son film, entre comédie sans réel humour (y'a pas de blague à proprement parler, au mieux quelques jeux de mot et un étrange personnage de flic adjoint qui parle franglais), thriller politique sans tension ni suspens, et vague dénonciation du racisme.
Sur ce dernier point, Antilles sur Seine aurait même tendance à s'emmêler un peu les pieds car il dépeint la communauté antillaise de métropole comme une quasi-société secrète et fermée, avec des réminiscences du constat social de Fight Club (les demi-grades qui occupent des emplois intermédiaires sans qui la société des puissants s'effondrerait) voire de The Warriors (la radio Tropikal FM envoyant tous ses auditeurs aux trousses des vilains "bounty"). L'accent et la bonne humeur tropicale en plus, même si paradoxalement, le film conserve une ambiance assez terne, bien loin de sa chanson titre.
De fait, Légitimus s'en tient à une réalisation téléfilmesque sans éclat et se prend pour Eddy Murphy en s'octroyant de nombreux seconds rôles grimés, toujours grillés par son jeu d'acteur caricatural. Le seul rôle qui m'a fait bugger tant le maquillage apparaissait réussi est en fait tenu par son père, Théo Légitimus ! Il fait également jouer son réseau pour profiter de quelques caméos aussi brefs qu'inutiles (citons Kavanagh, les 2 autres Inconnus, Chevalier et Laspalès, Daniel Russo, et plus étonnant Melvin van Peebles). Quant à Chantal Lauby, elle confirme là son manque de flair dans ses choix de carrière.
Non, le véritable intérêt d'Antilles sur Seine tient à son défilé hyper réjouissant à l'oreille d'acteurs/doubleurs. Tout le gratin de la scène française est là : Med Hondo (éternelle voix d'Eddy Murphy), les frères Jacques et Jean-Michel Martial (un peu de Samuel L. Jackson, le chef de South Park, Ving Rhames, Denzel Washington), Greg Germain (Will Smith), Thierry Desroses (quasi-tout Samuel L. Jackson, Laurence Fishburne, Wesley Snipes et tant d'autres), Maïk Darah (Whoopie Goldberg) et j'en oublie. L'amateur de belles voix, tel que moi, sera aux anges et passera alors sur tous les défauts du film pour en célébrer l'idée géniale d’avoir amener autant de monde à l'écran.
Aparté critique sur le master de Prime Video au grain très VHS, quelques sauts de bande en bonus !