Alien ft. Dernier train pour Busan

C’est grâce à la recommandation – celle de fuir à tout prix cet étron cinématographique qu’est Anti-Life – du journaliste ciné Simon Riot dans sa vidéo hebdomadaire des news cinéma sur Ecran Large, que j’ai appris l’existence de ce navet avec Bruce Willis et Cody Kearsley. Intrigué, je bascule aussitôt sur SC et voit que le film ne dure qu’1h32. Ni une, ni deux, je lance le visionnage, espérant découvrir un petit nanar comme il faut.
C’est vrai qu’après plus de cinq mois d’inactivité forcée (saleté de covid), cloîtré à la maison à tourner en rond, l’idée de voir un très mauvais film me semblait assez réjouissante : je carbure déjà à 3 ou 4 bons films par jour, alors un abominable pour changer, pourquoi pas !…


Commençons par ce que le film aurait pu être, grâce notamment à son ambition débordante : celle d’entrecroiser plusieurs types de SF et d’horreur. On a là un nombre inconcevable d’hommages très appuyés (ou de vulgaires copies de ce qui a fonctionné ?) à des films post-apo. On pense inévitablement à un croisement entre la saga Alien et les films de zombis comme Dernier train pour Busan, mais impossible de ne pas songer également à Ghostbuster ou Star Wars (les couloirs du vaisseau spatial, et les blaster laser des militaires notamment).


Nous sommes en 2243, la Terre, qui compte désormais 19 milliards d’habitants, est dévastée par la peste. Une poignée d’élus peut embarquer à bord du dernier vaisseau fonctionnel pour un voyage vers une nouvelle planète, au nom renversant : Nouvelle Terre. Un point de départ classique, qui sent le déjà-vu. Bon, dès le départ, vu la gueule des décors, on a beaucoup de mal à croire que ce vaisseau compte 300 000 personnes cryogénisées pour repeupler ce nouveau monde. Mais là n’est pas la question.


Rapidement (heureusement) une méchante bébête – et là malheureusement, le mystère sur son existence n’est pas tenu bien longtemps – s’attaque aux 18 membres de l’équipage restés éveillés pour manœuvrer le vaisseau. Celle-ci s’introduit dans le ventre de ses hôtes et en dévore les organes – Alien, bonjour !
Les morts se réveillent alors, contrôlés par cette chose (créée par expériences scientifiques en labo), et attaquent avec furie les vivants en faisant de gros bonds – Dernier train pour Busan bonjour !


Ces pâles copies à des œuvres connues de tous seraient plaisantes à voir si le film n’était pas écrit avec le cul, et réalisé avec les pieds. Ce travail, on le doit à John Suits qui cumule les mandats sur le film en signant réalisation et montage. Il faut l’admettre, le bonhomme est aussi mauvais pour l’un que pour l’autre. Certaines ellipses par exemple ont de quoi surprendre, et demandent au spectateur un effort pour reconstituer la trame de l’action.


Anti-Life souffre d’un effet cheap qui rend le film fadasse et aseptisé. Ecrits par Corey Large, qui interprète par ailleurs le personnage de Lincoln, les situations tournent rapidement à l’absurde et les dialogues atteignent des sommets de ridicule.


Enfin, je crois qu’il est inutile de s’appesantir sur le jeu – minable – des acteurs, en particulier celui de Bruce Willis et de son hologramme – Star Wars, bonjour !


Avec un scénario beaucoup trop ambitieux et une mise en scène risible, Anti-Life nous fait la politesse de ne durer qu’1h30 (c’est là sa plus grande qualité) pour ne pas trop nous ennuyer.
Un nanar qui sentait le moisi avant même de lancer le visionnage, mais qui remplit finalement son rôle : celui de se rappeler à quels point certains classiques de SF sont de vrais chefs d’œuvres cinématographiques.

D-Styx
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le 23 mars 2021

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D. Styx

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