Désirable étrangeté

Michaël Stone est un conférencier brillant mais à la cinquantaine tourmentée et au mariage en péril. Le voici pour une nuit dans un hôtel où il va tenter de vérifier si son charme agit toujours sur la gent féminine... Il rencontre Lisa.

L'animation en elle même est assez bluffante. Nous pouvons même en oublier (pour peu qu'on le sache) que nous avons affaire à des marionnettes en plastique de 20 cm de haut : l'illusion fonctionne et nous sommes surpris par le réalisme des situations.
Le fait que les personnages soient d'un physique très "commun", - Michaël Stone n'évitant pas cheveux gris et ventre bedonnant et Lisa des formes bien plus naturelles que celles des magazines féminins - contribue fortement à la crédibilité des scènes. Elles n'en sont même que plus émouvantes, en particulier une scène dont la sensualité n' a rien à envier à celle que nous offrent certains acteurs/actrices en chair et en os.
La dimension philosophique du film est intéressante. Seul trois modèles de marionnettes sont utilisés. Un matériau de base réduit à la portion congrue mais qui permet au réalisateur de mener une réflexion sur le thème de la différence. Le travail sur les voix est particulièrement original puisque l'on se rend compte assez rapidement - et c'est d'ailleurs troublant - que seules trois voix sont utilisées pour une bonne cinquantaine de personnages figurants compris : deux voix masculines et une voix féminine. Lisa se voit attribuer la voix féminine en question tandis que tous les autres personnages féminins ont une curieuse voix masculine. Perturbant dans un premier temps, on comprendra seulement dans la deuxième partie du film la signification et la portée de cet artifice. Mais n'en dévoilons pas trop...
Très original. A voir

7/10