Ana, mon amour raconte l’histoire d’amour de deux jeunes étudiants roumains, à Bucarest, sur une période de plusieurs années . En fait, on assiste à une étude psychologique de cette relation, depuis sa naissance jusqu’après la rupture. Ce qui intéresse Netzer, c’est comment on choisit son partenaire en fonction de son passé (ses parents, son enfance, ses ex), quels sont les rapports de force et le rôle de chacun dans la relation et comment celle-ci et ceux-ci peuvent évoluer.


Au départ, Toma est dominant et protecteur, alors qu’Ana est fragile et dépendante. Elle est sujette a des crises de peur panique et prend des médicaments depuis plusieurs années pour se calmer. Mais ses crises ne cessent pas.
En fait, ça ne dérange pas Toma, qui peut ainsi jouer son rôle de protecteur et comme lui redoute depuis ses expériences passées d’être trompé, avec une compagne aussi dépendante de lui, il se sent rassuré. La relation trouve un équilibre et les amoureux peuvent ainsi se marier et avoir un enfant.
Mais, avec l’arrivée de l’enfant, le rôle de chacun va s’inverser. Ana va trouver un emploi et prendre de l’assurance, alors que Toma va perdre le sien et s’occuper de l’enfant. Le rapport de force va lui aussi s’inverser et ne plus plaire à Toma


Sur le fond, l’histoire est intéressante, mais malheureusement c’est sur la forme que le film ne m’a pas trop plu .
D’abord, la caméra, sous prétexte d’être près des personnages et de traduire leurs émois, bouge sans arrêts et tremble même, du fait qu’elle est portée à l’épaule (sans steadycam ou apparenté, apparemment). Du coup, elle est trop voyante et ça gêne.
Ensuite, le parti pris d’une temporalité éclatée, parce que le film relaterait des scènes évoquées lors de séances de psychanalyse (auxquelles on assiste de temps en, temps) complique inutilement le récit. Au début, la temporalité est linéaire et chronologique, mais au bout d’un moment, ça part dans tous les sens et on est donc obligé de faire un effort pour suivre. A quoi bon ? On a bien compris que Toma suivait une analyse, le fait d’éclater la temporalité de ses souvenirs n’apporte rien de constructif et finit par fatiguer. D’autant qu’il y a de plus en plus d’ellipses dans le récit, si bien qu’il faut faire un réel effort pour recoller les morceaux et comprendre l’histoire.
En effet, on ne voit ni le mariage, ni la rupture (sauf à travers un rêve de Toma, qu’il raconte à son analyste), ni même véritablement le moment clé où les rôles s’inversent dans le couple. On voit bien Toma quitter son travail à cause d’un désaccord avec son patron. On le voit rentrer pour soigner son fils. On voit Ana quitter l’appartement pour partir travailler pour la première fois. Mais on doit tout seul en conclure que Toma estimant que sa femme n’était pas capable de s’occuper de l’enfant, c’était à lui de le faire et donc comme il fallait bien que quelqu’un travaille, il avait été décidé que ce serait elle.


Reste que les comédiens sont convaincants, leur évolution physique au fil du temps bien rendue, notamment par la chevelure très fournie de Toma au début, puis de plus en plus clairsemée, ainsi que les changements de coupes et de couleurs d’Ana.
Les scènes de psychanalyse sont intéressantes et non caricaturales, avec un psy de Toma charismatique et fin. Les situations de crises d’Ana ne sont pas trop paroxystiques, comme on pouvait le craindre, à cause de son état psychique de départ et après avoir vu les scènes très poussées des disputes familiales du début.


Pour conclure, je dirais qu'Ana mon amour est un film ambitieux, mais à cause de certaines maladresses, ne tient pas ses promesses et perd un peu son spectateur en route (enfin moi, j’imagine que certains intrépides ont suivi cette randonnée psychologique avec entrain et sont fiers d’être arrivés jusqu’au bout, le mollet souple et le coeur léger).

Roinron
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le 28 juin 2017

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