Critique parue sur Bobodemerde

Lorsque l'on rencontre Marie-Amélie Seigner (bientôt en bobocast) et qu'elle met un tel enthousiasme à nous convaincre d'aller voir Amore au cinéma, "un film aux parfums de Bergman et Fellini", on ne peut que l'écouter et courir vers notre mk2. Et on ne le regrette pas. Loin des buzz de la rentrée, ce film, en salles depuis le 22 septembre, est un ravissement des sens de bout en bout. Bien-sûr, on a pu apprécier l'esthétique des Amours imaginaires de Xavier Dolan, mais l'on fut quand même déçu et, il faut bien l'avouer, on s'est pas mal ennuyé.

Ici, une histoire bourgeoise presque banale, qui n'aurait pas déplu à notre regretté Chabrol : une famille de riches industriels milanais, la transmission d'un patrimoine, une bourgeoise qui s'ennuie, une liaison avec le meilleur ami du fils, une fille qui découvre son homosexualité, ... Un scénario classique somme toute, qui pourrait être ennuyeux s'il n'était sublimé par Tilda Swinton, magistrale, ainsi qu'un décor et des lumières parfaites. Une simple scène dans un restaurant devient un pur moment de grâce : de mémoire de bobo, j'ai rarement vu la cuisine filmée aussi sensuellement, avec une lumière parfaite, on se serait presque cru en odorama tellement on a l'impression qu'il n'y a plus que Tilda, la cuisine et nous. La force de ce film réside bien souvent dans les plans les plus simples : qu'il s'agisse de filmer la nature dans ce qu'elle a de plus désordonné ou la maison d'une famille industrielle dans ce qu'elle a de plus rigide, la beauté force la contemplation.

Dans un aussi bel écrin, un bijou comme Tilda Swinton ne peut qu'étinceler. Un jeu tout en retenue et en pudeur, pour celle qui interprète cette parfaite bourgeoise venue de Russie, dont les sens se réveilleront grâce aux talents culinaires du meilleur ami de son fils. Dans ce film qui résonne comme un opéra (et d'ailleurs, la bande originale de John Adams en contient), Tilda Swinton en paraît comme la diva qui empêche le film de s'abîmer, parfois, dans quelques longueurs inutiles où l'on se demande parfois où l'on va. Mais à la faveur d'un événement inattendu, le film renaît pour nous amener vers l'apothéose de la scène finale. Si Amore aurait certainement pu être encore mieux, il n'en reste pas moins un film exceptionnel, à voir, et qui a au moins le mérite de nous prouver que le cinéma italien a encore de grandes choses à nous montrer...
Bixente
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le 16 oct. 2010

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