Attention, NINJA !!! Après avoir fini la saga assez catastrophique, à l’exception du premier film, des Future Cop, j’étais à la recherche d’une nouvelle saga à m’inflig… à me regarder. Mon dévolu s’est porté sur les 5 films Le Roi Scorpion (oui, il y en a 5) car un bon aventurier du cinéma ne doit pas avoir peur de souffrir, de perdre quelques neurones au détour d’un DTV bas de gamme. Mais ça, c’était avant que je me rende compte que j’avais, à cause d’un pari, vu et chroniqué American Ninja 4 il y a quelques mois sans jamais avoir vu les autres opus. Alors Le Roi Scorpion et ses suites vidéos allaient attendre car il était l’heure de me faire American Ninja, American Ninja 2, American Ninja 3 et American Ninja 5. Oui, là aussi il y en a 5, pour 5 fois plus de plaisir… ou de souffrance, c’est selon. C’est donc avec beaucoup d’entrain, mais malgré tout un peu d’inquiétude, que je me lance en milieu de soirée cette production Cannon de 1985 qu’est American Ninja. Lorsque le générique de fin a fait son apparition, je me suis demandé comment j’avais pu passer à côté de ça aussi longtemps. Comment se fait-il que l’amateur de nanars que je suis n’ait pas vu avant ce bien beau fleuron des années 80 tendance rigolade entre potes. Et je suis sûr que, à l’instar de Barbarians, autre nanar de compétition, il aurait été un de mes films de chevets si je l’avais découvert à l’âge de 10 ans. Amis nanardeurs, American Ninja est fait pour vous !


Quand American Ninja est sorti en VHS au milieu des années 80, la fièvre des ninjas était omniprésente, aussi bien en Asie du Sud Est avec les 2 en 1 de l’ami Gofrey Ho qu’aux États-Unis avec par exemple la saga Ninja (oui, ils ne se sont pas foulés pour le titre). Et American Ninja, après une sortie discrète en salles pour un succès plutôt correct (1M de budget pour 10M rapportés), est rapidement devenu un classique des vidéoclubs, un film culte à bien des égards auprès des amateurs de mauvais films sympathiques. Une franchise était née. Cinq films entre 1985 et 1993, pas mal tout de même non ? A la mise en scène de ce premier American Ninja, le metteur en scène Sam Firstenberg, et une filmographie qui fait rêver. Ninja 2 et 3, American Ninja 1 et 2, Delta Force 3, Cyborg Cop 1 et 2, Spiders 2, et bien d’autres téléfilms et/ou DTV qui ont fait le bonheur des amateurs de bisseries. Pour American Ninja premier du nom, le studio avait à l’origine choisi Chuck Norris, alors au sommet de sa gloire, comme acteur principal. Mais ce dernier a déclaré : « Si je dois jouer dans un film, je ne veux pas que mon visage soit caché. Je veux être moi-même ». Du coup, pas de Texas Walker Norris et ce sera Michael Dudikoff qui sera choisi car les producteurs voulaient un acteur ténébreux à la James Dean. Pour un film avec des ninjas. Oui. Bien que n’y connaissant rien en arts martiaux, Dudikoff apprendra rapidement au cours de la production et, au bout d’un moment, finira même par avoir une ceinture noire. Comme quoi, ça mène à tout le cinéma. Et Dudikoff, il est trop fort, rien ne l’arrête. Les ninjas lancent des shurikens ? Lui il lance des barres à mine et des clés en croix démonte-pneu (je vous rassure, il lance aussi des shurikens). Personne ne lui arrive à la cheville, il peut tout faire, il peut battre n’importe qui. En même temps, les ninjas du film ne sont pas à la hauteur de la légende… Ils ratent leur cible presque à chaque fois, ils se font assommer à la moindre pichenette, ils font beaucoup trop de sauts trop périlleux pour être honnêtes. Non, ils ne brillent pas pour leur performance. Mais Dudikoff lui, grâce à American Ninja, il est devenu l’incarnation du ninja à l’américaine avec son personnage de Joe T. Amstrong. Un ninja tellement monolithique et crispé qu’on a l’impression qu’il a un balai dans le cul tout le long du film, mais un ninja quand même.


Tourné aux Philippines, American Ninja démarre sur les chapeaux de roues, comme tout bonne série B d’action burnée des années 80, et son rythme ne faiblira quasi jamais. Pas le temps pour faire une introduction qui prend des plombes, pas le temps de développer la psychologie des personnages (à quoi bon ici de toute façon), c’est comme dans un jeu vidéo de baston : Round 1, Action ! Alors très rapidement, on ne sait pas ce que viennent branler des ninjas dans le scénario mais on les fait sortir de la forêt et ça suffit comme explication. Mais en fait, ah ah, ils ne sortent pas de n’importe où, c’est le grand méchant du film qui forme des ninjas multicolores pour faire ses basses besognes et/ou pour des clients qui auraient besoin d’un peu de main d’œuvre musclée. Des ninjas noirs, bien sûr, mais aussi des rouges, des jaunes, des oranges, des bleus, … Oui, le ninja est déclinable à l’infini tant que la palette de couleurs le permet. Un véritable camp d’entrainement qui ressemble plus à une grande aire de jeu pour des enfants avec des parcours, des simili balançoires, des petits murs d’escalades, … Oui, le ninja a 10 ans dans sa tête, il faut le savoir. Mais ce n’est guère mieux chez les militaires qui ont un cerveau pour 20 et qui, chaque matin, doivent jouer à la courte-paille pour savoir qui l’aura pour la journée. Pas possible d’être aussi débile, toujours à jouer à celui qui a la plus grosse. Mais pas que les troufions de base hein, quoi qu’ils remportent la palme, mais même les gradés qui, tout du moins dans la succulente VF, jurent comme des charretiers. En même temps, ça a un côté assez jouissif de voir un général de l’armée balancer un « Dites-lui de se magner la rondelle ». Quitte à parler de la VF, soulignons également, en plus des répliques improbables, un festival d’accents approximatifs que n’aurait pas renié un certain Michel Leeb.


American Ninja est un divertissement d’action assez fendard. Il y a tout ce qu’on vient de citer, mais bien plus encore. Il y a des clichés à ne plus savoir quoi en faire, à commencer par ce fameux plan typique de toutes les prod du genre de l’époque, dans un bureau, avec le drapeau américain et la photo de Ronald Reagan. Le scénario est con comme ses pieds, avec des retournements de situation qu’on voit venir à des kilomètres. Certaines scènes d’action sont montées n’importe comment (la première attaque ninja sur les militaires) … Oui, American Ninja est souvent assez risible, mais risible dans le bon sens du terme, dans le sens où c’est le genre de film parfait avec des potes, de la bière, des chips, et de la pizza. Et je ne vous parle pas de son final complètement over the top, bien bourrin, bien long, avec un Steve James en roue libre, avec des sulfateuses, avec un ninja accroché à un hélicoptère, avec des rayons lasers (si si), … Mais aussi involontairement drôle qu’est American Ninja, il a malgré tout de vrais bons points pour lui. Déjà, à l’époque, pas de CGI, tout en practical, et donc quel plaisir de voir ces explosions et cette tôle froissée. C’est sans doute la nostalgie qui parle, et si j’avais été élevé aux fonds verts, je n’aurais sans doute pas la même réflexion, mais c’est pour moi sans commune mesure. Il y a aussi quelques idées de mise en scène très sympathiques (l’attaque en ombres chinoises), certains plans assez graphiques (lorsque Dudikoff est au plafond), et même une bande son réussie de Michael Linn, très ancrée dans son époque. Tout cinéphile normalement constitué devrait souffrir devant ce premier film de la saga American Ninja. En même temps, tout cinéphile normalement constitué ne va normalement pas se lancer dans cette saga. Mais pour le cinéphile au cerveau abimé, pour le cinéphile aventurier, pour le cinéphile amateur de bisserie, American Ninja est un petit plaisir insoupçonné.


Divertissement con comme ses pieds mais ultra généreux, avec un sens du spectacle qui fait plaisir à voir, American Ninja est une bobine qui mettra la pêche à tous les amateurs de mauvais films sympathiques.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/ninja-american-ninja-de-sam-firstenberg-1985/

cherycok
4
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 20 déc. 2023

Critique lue 5 fois

cherycok

Écrit par

Critique lue 5 fois

D'autres avis sur American Warrior

American Warrior
Georgio
4

GO NINJA GO NINJA GO !!!!!!!

Produit par la défunte société Cannon, spécialisé dans les actionner bourrins à petits budget dans les années 80 et 90, American Warrior est le produit idiot de base destiné au marché de la vidéo et...

le 18 déc. 2012

2 j'aime

3

American Warrior
Fatpooper
4

Un ninja pas comme les autres

Bof bof. C'est un peu marrant mais pas tellement. Le délire n'est pas poussé assez loin. On appréciera tout de même l'amitié virile, les méchants qui obéissent aveuglément et certaines situations...

le 5 nov. 2021

1 j'aime

4

American Warrior
lolodu87
3

Attention, chérie, ça va couper

Chercher une cohérence dans la plupart des productions Golan et Globus, c'est comme vouloir jouer au rugby avec un ballon baudruche et nuit de cuite sans lune. Et celle-là n'y échappe pas. Un convoi...

le 24 août 2021

1 j'aime

1

Du même critique

Journey to the West: Conquering the Demons
cherycok
7

Critique de Journey to the West: Conquering the Demons par cherycok

Cela faisait plus de quatre ans que Stephen Chow avait quasi complètement disparu des écrans, aussi bien en tant qu’acteur que réalisateur. Quatre ans que ses fans attendaient avec impatience son...

le 25 févr. 2013

18 j'aime

9

Barbaque
cherycok
4

The Untold Story

Très hypé par la bande annonce qui annonçait une comédie française sortant des sentiers battus, avec un humour noir, méchant, caustique, et même un côté gore et politiquement incorrect, Barbaque...

le 31 janv. 2022

17 j'aime

Avengement
cherycok
7

Critique de Avengement par cherycok

Ceux qui suivent un peu l’actualité de la série B d’action bien burnée, savent que Scott Adkins est depuis quelques années la nouvelle coqueluche des réalisateurs de ce genre de bobines. Mis sur le...

le 3 juil. 2019

17 j'aime

1