Fou mais vrai, en cette pourtant riche année ciné 2015, on retiendra bien plus de poilades made in France dans les salles obscures, que de bonnes comédies made in US, à la différence de l'an dernier avec ses excellents The Interview, Nos Pires Voisins ou encore 22 Jump Street et Albert à l'Ouest.


Alors bien sur, le pays de l'Oncle Sam nous a offert deux, trois must bien croustillants ces derniers mois (Paul Feig et son Spy, Seth MacFarlane et son Ted 2, et dans une moindre mesure Entourage), mais ce ne sont que des caches misères d'une réalité de plus en plus voyante : l'humour ricain peine ses dernières années a véritablement faire mouche.


Un écart de conduite certains que tentera pourtant de réparer quatre péloches hautement attendus ces prochaines semaines : American Ultra tout d'abord signé par Nima " Projet X " Nourizadeh, mais également (et surtout) les derniers Judd Apatow (Trainwreck aka Crazy Amy, qui cartonne outre-Atlantique) et Will Ferrell (Get Hard, ou il partage la vedette avec le délirant Kevin hart) en date, et la romcom bien potache Jamais entre Amis porté par le savoureux duo Jason Sudeikis/Alison Brie.


Mais revenons-en à nos moutons et à American Ultra, petit OFNI en puissance incarnant une belle promesse de comédie d'action pétaradante et survoltée, dominée par un Jesse Eisenberg rejeton parfait du Dude Lebowski, cheveux longs et joints à la bouche, se trouvant être un assassin d'élite formé par le gouvernement.


Un Jason Bourne dans la fleur de l'âge, qui n'a d'yeux que pour sa nana jouée par la so cute Kristen Stewart, qu'il retrouve quatre ans après le mésestimé Adventureland.


Des retrouvailles délirantes donc, le tout sous la houlette d'un script signé par le rejeton du grand John Landis, Max (scénariste sur le Chronicle de Josh Trank) et porté par une pluie de seconds couteaux talentueux (Connie Britton, John Leguizamo, Topher Grace, Walton Goggins et Bill Pullman); autant l'avouer, l'affiche d'American Ultra était affreusement bandante.


Et bonne nouvelle après vision, le film confirme tout le bien que l'on a pu penser de lui durant son excellente campagne promotionnelle, et même bien plus encore...


American Ultra donc, ou l'histoire de Mike Nowell, dont le quotidien des plus monotones aux côtés de sa petite amie Phoebe, va se voir méchamment chamboulé du jour au lendemain lorsqu'il va découvrir qu'il est un agent dormant surentrainé dont la mémoire a été effacée.


D'un coup d'un seul, son passé d'assassin d'élite va refaire surface et le pauvre bonhomme va se retrouver au beau milieu d'une opération gouvernemental visant tout simplement à le faire disparaitre.


De manière un peu improbable, il va devoir alors faire appel à ses capacités insoupçonnées d'agent secret pour survivre et sauver sa bien aimée...


Complétement barré, jouissif et nerveux, force est d'admettre que le second long métrage de Nourizadeh s'impose sans conteste comme l'une des plus séduisantes surprises de cet été ciné 2015.


Posant son histoire sur une simple nuit - ou presque -, une nuit de folie ou tout semble possible dans un bled paumé littéralement coupé du monde, Landis déroule avec un savoir faire étonnant une intrigue de série B certes simpliste mais bien plus maline qu'elle n'en a l'air, faisant la part belle aux losers du quotidien; ces regulars guys qui par la force du destin se retrouvent à incarner de véritables super-héros face à un ennemi super-puissant (l'Armée US) qui veut soudainement le réduire en poussière.


Une pure relecture de l'American Dream en somme, mais cette fois-ci redessiné avec une telle originalité et une telle maestria qu'elle ne peut que séduire le spectateur et encore plus l'amateur de divertissement allumé qui n'en demandait pas autant, car American Ultra incarne bel et bien une comédie unique en son genre citant autant la folie du récent Kingsman (et même de Kick Ass, toujours signé Mark Millar) que l'ambiance nostalgique et mystérieuses des si précieuses productions Amblin des 80's.


Volontairement invraisemblable et étrange, saupoudré d'un humour aussi décomplexée que sa violence est jouissive et frontale au sein de scènes d'actions prenantes et lisibles, le film se permet tout et ne lésine jamais sur les moyens pour en mettre plein la vue et divertir son audience.


Quitte même à offrir des rôles à contre-emploi à ses deux comédiens vedettes, Jesse Eisenberg (habitué aux comédies décalées chez Ruben Fleischer) et Kristen Stewart, franchement convaincant dans la peau de deux ados attardés et nonchalants planant à longueur de journée.


Deux marginaux magnifiques différents mais réellement amoureux l'un de l'autre, et qui prennent décemment un plaisir non-feint à quitter le très sérieux circuit indé pour cette escapade décontractée et absurde.


Mieux, à leur côté au sein de cette fête du bon gout, on retrouve le décidément trop rare Topher Grace dans la peau de l'horripilant et capricieux vilain qu'il campe à la perfection.


Faux blockbuster pétaradant mais vraie série B explosive et ovniesque à souhait, American Ultra est une sucrerie estivale comme on les aime, décalée, rafraichissante et dynamique juste ce qu'il faut, qui donne une banane d'enfer au sein d'une fin de mois d'aout un brin trop sérieuse.


Après le (très) sympathique Projet X, Nima Nourizadeh signe ici une nouvelle petite bombe au potentiel culte énorme, vivement la suite voir même, pourquoi pas, une suite tout court...


Jonathan Chevrier


http://fuckingcinephiles.blogspot.fr/2015/08/critique-american-ultra.html

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le 19 août 2015

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