
Je n'ai jamais vu de Fellini. Je ne sais pas ce qu'est le néo-réalisme. Je connais seulement ses autres films de nom et ils ont toujours été pour synonymes d'ennui profond.
Voilà les conditions dans lesquelles j'abordais ce film. Et dire que j'ai été surpris en bien relève ici de l'euphémisme.
Le film raconte l'enfance de Fellini dans son petit village de Rimini, durant la période du printemps, ancrée entre deux tombées de neige qui ouvrent et ferment le film.
À l'image de Stand By Me (ou l'inverse) Amarcord est un film initiatique qui décrit le passage de l'enfance à un stade plus adulte de Titta et de sa bande d'amis. La première partie est donc centrée sur l'enfance du personnage principal et principalement sa relation à l'école. On assiste ici à une galerie de personnages (les professeurs et élèves) tous plus drôles les uns que les autres. Je n'ai honnêtement pas autant ri devant un film depuis longtemps (dans ta face Todd Phillips), notamment grâce aux facéties des élèves, toujours prêts à faire les 400 coups (tiens tiens).
À cet aspect comique viennent s'ajouter les premières scènes de la vie familiale de Titta, avec des personnages là aussi hauts en couleurs (la scène de dispute entre la ses parents me donne encore envie de rire).
On assiste également aux premiers émois sexuels de nos héros, sensibles alors à la moindre apparition de chair féminine (et oui hein, youporn ça a un peu changé la donne), au moindre contact.
Puis petit à petit, le ton et les évènements deviennent plus sérieux: les premières apparitions du fascisme, la condition de résistant du père, l'embrigadement progressif des jeunes sans qu'ils en aient conscience (magnifique scène onirique des velléités de mariage de la part de "Bouboule" lors de la manifestation fasciste).
Puis le dernier élément marquant qui fera totalement basculer la vie de notre jeune héros sera celui du décès de sa mère, moment au cours duquel il prend totalement conscience de la dureté de la vie et perd une grande part de son innocence d'enfance.
Cette évolution trouvera son paroxysme à la fin du film, lors du mariage et du départ du village de "La Gradisca", fantasme de tous les enfants (et pas que) du village.
Malgré tous ces évènements graves, et parfois tragiques, le film est entrecoupé de moments drôles, touchants, de plaisirs simples qui viennent amuser le spectateur, qui empêchent le film de tomber dans le pathos. On pense ici aux scènes avec l'oncle fou de la famille, aux histoires racontées par le vendeur de graines, à "l'aventure" de Titta avec l'épicière ou encore aux fantasmes des enfants lors de la course de voitures.
Bref, vous l'aurez compris, j'ai aimé.
PS: Le parallèle avec Stand By Me m'a aussi sauté aux yeux lors de la scène dans le brouillard durant laquelle le petit frère de Titta tombe nez à nez avec un boeuf dans un moment durant lequel le temps semble s'arrêter pour une courte période. Cela n'est pas sans rappeler la scène de la biche de Stand By Me durant laquelle là aussi le héros encore enfant est fasciné pour la beauté d'une bête.