Sur les cendres encore fumante de ce qui fût la comédie non-sensique hongkongaise, flotte l'étendard du plus digne héritier des frères Hui, le comique génial, l'écureuil fou, Stephen Chow.


Cette fois encore il apparaît en grande forme dans ce film coréalisé par Jeff Lau et le chorégraphe Corey Yuen. Sympathique mélange de gambling movie dans la lignée des célèbres Gods Of Gamblers et de film de triades, parsemé de scènes de kung-fu, cet All For The Winner fait partie des bons produits de consommation qu'offrait alors le cinéma de ce qui allait devenir l'ex-colonie.


Toujours accompagné de son éternel acolyte Ng Man Tat, Stephen Chow s'en donne à cœur joie dans le cabotinage et la déconne, mais semble plus sage que dans un Tricky Brains par exemple. Jouant moins sur cet aspect ultra décalé fait de surenchères, ce film propose un mélange sympathique d'action parfaitement chorégraphiée par l'un des frères Yuen et de gambling dans la plus pure tradition hongkongaise.


Le scénario demeure tout de même assez confus et prend des virages un peu trop brutaux pour emporter une totale adhésion. La première partie du film est même assez pénible. Dans la seconde partie, le génie Chowesque reprend le dessus et propose quelques scènes hilarantes. A noter une excellente composition de l'actrice Sandra Ng dans une scène où elle tente vainement de manger avec un bras levé laissant apparaître un faux grain de beauté sous son aisselle (!!!)... tordant ! et décalé.
Au moins, avec ce genre de productions, on savait à quoi s'attendre.


Le génie de Chow réside dans cette capacité à faire exploser toutes les barrières, même les moins politiquement correctes, en employant toutes les possibilités cinématographiques : burlesque, action brute de décoffrage, grand-guignol, et même une violence souvent très supérieure aux films commerciaux lambda, avec toujours tout de même une certaine capacité à produire une certaine réflexion sur l'état de la société hongkongaise qui s’apprête à retourner sur le joug du grand frère, ce qui donne toujours une impression d'énergie survitaminée à ses œuvres. Ça donne souvent des films complètement déjantés, il faut avoir vu un Tricky Brains ou un Love On Delivery pour apprécier la teneur grandiloquente de cet artisan de la déconnade.

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le 30 avr. 2022

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