Grande star vivante de la musique s'il en est, Céline Dion était sûre d'avoir son biopic un de ces jours. Si un téléfilm avait été produit en 2008 au Canada (Céline de Jeff Woolnough, 2008), c'est finalement en France que se produit le premier film autour de la vedette. On ne parlera toutefois pas de biopic pur et dur, puisque comme pour Palais Royal ! (2005), Valérie Lemercier fait clairement une fiction autour, modifiant et déplaçant des faits jusqu'au nom même de la vedette.
En effet, Papa et Maman Dion avaient visiblement appelé leur fille ainsi à cause de la chanson d'Hugues Aufray (1966), l'anecdote est ainsi reprise avec la chanson de Christophe (1965) à la place. De même, sa fameuse crise de voix est arrivée bien avant son succès colossal en France, sa relation avec René Angélil a été révélée bien avant aussi etc. Comme d'autres choses sont bien conservées comme les shows à Las Vegas (jusqu'aux costumes repris), l'Eurovision, la naissance de ses enfants, la mort de son mari, l'anecdote sur My heart will go on (oui elle n'aimait pas la chanson à la base) et bien évidemment les chansons très bien interprétées par Emma Cerchi et Victoria Sio (que vous avez pu voir dans les comédies-musicales Le Roi Soleil et Les trois mousquetaires). Lemercier n'a pas menti sur la marchandise : bien qu'étant très romancé, on reste proche du modèle et les gens connaissant la carrière de la chanteuse s'en apercevront bien assez vite.
Comme pour Palais royal !, on ne s'esclaffe pas forcément devant Aline, d'autant qu'il reste très sérieux sur bien des sujets (le deuil, la difficulté d'avoir des enfants ou même la gestion du succès). Mais quand Lemercier peut placer quelques punchlines, elle le fait avec saveur comme lorsque Maman Dieu (Danielle Fichaud) s'en prend à Guy-Claude Kamar (Sylvain Marcel) à propos de sa relation avec sa fille ("Vous n'avez pas compris que pour ma petite princesse c'est un prince qu'il lui faut ? Pas un vieux pruneau bronzé qui a trois fois son poids, deux fois et demi son âge et qui est deux fois divorcé !"). Sans compter le passage du "chantier" ou celui de la demeure labyrinthique.
Bien que le film semble ne pas plaire à certains membres de la famille et à pas mal de québécois, Lemercier ne se moque jamais de la vedette, semblant être une véritable fan. On peut toutefois tiquer sur l'absence d'un personnage basé sur Jean-Jacques Goldman ou sur Luc Plamondon, dont l'influence fut indéniable sur la carrière de la chanteuse, là où son maquilleur / coiffeur et ami est très mis en avant par le film (Jean-Noël Brouté).
Comme un effet spécial risque de vieillir à la vitesse de l'éclair tant il va totalement vers "la Vallée dérangeante". Si l'idée en elle-même n'est pas improbable, en revanche son exécution est catastrophique. On peut également dire que selon certains moments, il y a un petit coup de mou.
Néanmoins, Aline est un film plaisant à voir, d'autant que les acteurs s'en donnent à cœur joie. Si Lemercier fait le show, on retiendra particulièrement les prestations de Sylvain Marcel et Danielle Fichaud très convaincants en mari et mère d'Aline Dieu. Puis l'accent québécois n'est pas ridiculisé, puisque ce sont des acteurs québécois qui gravitent principalement autour de l'actrice française.