Messe Noire

Slasher pré-"Halloween" tombé dans un oubli quasi-total, "Alice Sweet Alice" (aussi connu sous une pléiade d'autres titres) est un film assez étrange. Il n'est ni expérimental ni unique en son genre, mais le fait qu'il n'ait pas eu comme influences les maîtres étalons du genre que tout le monde connaît lui permet de se libérer de tout codes préétablis. Ainsi "Alice Sweet Alice" ressemble autant à un slasher qu'à un film policier qu'à un drame familial, mimant énormément du cinéma d'Hitchcock, d'Argento, de Bava, mais surtout de Clouzot.

Mais malgré tout ces noms qui vont rêver, le film d'Alfred Sole est d'une maladresse regrettable. Car même si ses aspects techniques évoquent inévitablement le giallo, et son côté polar sur fond de criminel vengeur rappelle Clouzot, la réalisation et la narration souffrent de nombreux défauts rendant l'expérience parfois laborieuse. On sent très vite que le film ne disposait que d'un budget très léger, et des plans parfois proches du ridicules ne viennent que renforcer cette impression - sans parler d'un scénario traînant en longueur (et de plus en plus au film du film), utilisant raccourcis et rebondissements plus que prévisibles.
C'est davantage dans une direction d'acteurs très réussie et sa vision intéressante de la criminalité qu'on retrouve l'intérêt du film. L'absence d'antagoniste complètement machiavélique donne une forme de demi-mesure à l'ensemble plutôt savoureuse, pas qu'elle soit pourtant indispensable. Le plan final est à cet égard très intelligent.

Mais bon, au-delà de ces quelques qualités qui font du film de Sole une curiosité pour les fans du genre, "Alice Sweet Alice" ne dépasse pas son statut de petit budget seventies plutôt anecdotique, dont la seule et unique raison d'avoir aujourd'hui droit à un mini-culte de la part de certains passionnés est celle d'être l'un des précurseurs de l'un des genres les plus essoré, ringardisé et banalisé du cinéma d'horreur de ces trente dernières années.