Pour ses premiers pas derrière la caméra, Kevin Spacey s'intéresse à une prise d'otage en huis-clos située dans un bar en sous-sol. Basé sur le premier scénario d'un sombre inconnu (qui ne fera pas grand chose par la suite), Albino Alligator est hélas un long-métrage particulièrement anecdotique, sauvé des limbes des scripts de la Black List par un gros casting. Matt Dillon, William Fichtner, Gary Sinise, Faye Dunaway, Joe Mantegna et d'autres têtes (à l'époque) plus ou moins connues étoffent une histoire finalement pas très rocambolesque.
Trois gangsters se réfugient une nuit dans un bar après un casse qui a mal tourné, prennent en otage les cinq personnes y résidant et sont très rapidement bloqués par la police qui a investi le devant des lieux, unique porte de sortie. Et ce qui aurait pu être un sacré moment tension n'est au final qu'un banal divertissement. Le scénario, s'il ne casse pas trois pattes à un canard, arrive à demeurer sympathique à défaut d'être bluffant mais c'est principalement la mise en scène élégamment trop sobre de Spacey qui fait défaut, dialogues rébarbatifs et pauvres retournements de situation peinant clairement à dynamiser le récit.
L’ambiance de cette prise d’otage n'est quant à elle pas vraiment pesante et on aurait préféré une atmosphère plus étouffante pour ces gangsters à la petite semaine pris dans un engrenage fatal. Entre les flics à l'extérieur qui ne font pas grand chose (ceux de Piège de cristal avaient l'air plus impliqués, c'est dire), les otages pas très travaillés et l'intrigue qui fait un sacré surplace, le tout manque de consistance et de maîtrise et prouve que réalisateur et scénariste font clairement leurs premiers faits d'armes. Au final, Albino Alligator s'avère plus proche d'un téléfilm classique avec des stars de renom que d'un grand film du genre.