Méthode scientifique vs obscurantisme religieux

J'ai essayé de résumer dans le titre de cette critique ce que je pense qu'Amenabar cherche à exprimer dans Agora.
Une certaine idée de la compréhension du monde.


A titre personnel, j'ai déjà un peu exprimé lors de certaines critiques concernant des reportages scientifiques le peu de bien que je pense de la religion en général.


En fait, j'irai bien au delà, même s'il m'est difficile de parfaitement arriver à rendre tout le mépris, toute la détestation, et à quel point j'exècre et je conchie toutes les religions d'où qu'elles sortent. Chrétiens, Musulmans, Hindouiste, Bouddhiste,Juifs et consort. Cette longue lignée d'ignorants, tel une file d'aveugle qui se tiennent la main pour essayer d'amener tout le monde dans l'obscurité confortable vers laquelle tend systématiquement tous leurs livres saints imbéciles, tellement persuadés qu'ils sont que leurs vieux livres poussiéreux traduit de manière directe la parole de Dieu.


Comme la religion est orgueilleuse et crétine au plus haut point. Comme elle se réfugie dans la certitude et les réponses toutes faites. Comme Dieu, si jamais il existe, doit s'en attrister.


Voyez-vous, je n'ai rien contre l'idée d'une force dans l'univers qui ait engendré l'ensemble de la création. L'univers étant un endroit des plus étrange, cela ne serait pas outre mesure surprenant. Mais croire que cette force est venue nous sortir un tel paquet d'inepties, comme on peut les lire dans tout ce fatras superstitieux, ça me dépasse totalement.
Je ne dis pas qu'il n'y ait rien de bon dans les différents livres dit saints. Ils me paraissent parfaitement acceptables s'il sont étudiés comme des ouvrages poétiques, et dans ce cadre là, ne sont pas dénué d'une certaine beauté, ou d'un certain attrait moral tant que vous n'hésitez pas à faire dans le syncrétisme (comme il se doit avec toute pensée humaine à mon humble avis), néanmoins, ils ne valent pas beaucoup plus à ces égards que l'Odyssée, l'histoire de Gilgamesh, ou les trois petits cochons.
On peut également apprécier ces textes comme des documents sur l'histoire, ou comme une pierre d'achoppement de nos identités culturelles à tous; témoignage de notre ancien passé.
Bien sur par moment, la religion a été un force positive. Le merveilleux travail de préservation et de traduction de la connaissance ancienne entrepris que les Kalifats musulmans situés à Bagdad au XI ème siècle n'en est qu'un exemple parmi tant d'autre. C'est grâce à des "arabes" musulmans, que quantité de textes ont été retrouvés, et ont permis d'une certaine manière le développement de la méthode scientifique quelques siècles plus tard. Néanmoins, ce n'est pas la religion à qui l'on doit cette formidable quête, mais à des hommes de science qui se trouvait aussi être croyants.Il y a rien à faire, mais même un truc aussi bête que la religion se bonifie quand elle est suivie par une personne munie d'un cerveau en état de marche. Certains me traiteront de mécréant, et de blasphémateur, et bien brodez donc moi ces deux mots sur une écharpe , et je la porterai avec fierté, car c'est bel et bien ce que je suis.


Je vais tout de même essayer de parler du film, car après tout, ce n'est pas une tribune pour démonter mon manque de tolérance absolu vis à vis de la stupidité inhérente à toute religion, mais avant tout une critique de cinéma.


Donc Amenabar nous fait un péplum qui raconte la prise de pouvoir des joyeux crétiens (la faute est voulue) au détriment des païens qui sont tout aussi cons. Les uns comme les autres ont des réponses toutes faites pour tout et ne se privent pas de les inculquer à grand coup de pierre et de glaive dans la tronche. Au milieu de tout ça, vous avez Hypatie. Amenabar, ce sympathique mécréant, choisi une femme pour bien marquer le coup! Chouette petite vengeance pour nos sœurs, car il faut admettre que la religion ne s'est jamais montrée aussi fondamentalement stupide que dans sa manière de voir les femmes. Une femme donc, histoire de remettre l'église au milieu du village, qui contrairement à la joyeuse bande d'hurluberlus rependant la parole divine d'amour et de paix à coup de mandale, n'a pas dé réponses toutes faites. Une femme qui s’interroge sur le monde qui l'entoure et qui, contre ses convictions les plus encrées sur la perfection du cercle, imagine un autre système qui rend mieux compte de la réalité de ce qui est observé. C'est en somme le principe même de la démarche scientifique que de ne pas parler de vérité révélée, mais d'idée non fausse jusqu’à ce qu'on ait trouvé quelque chose qui rend mieux compte de la réalité.


Il est évident qu'Aménabar se torche un peu avec la vérité historique, et étant donné qu'il ne nous reste rien des travaux d'Hypatie, il est peu vraisemblable qu'elle soit arrivée aux même conclusions que Kepler 12 siècles plus tard.Mais ça n'a pas d'importance, car tout cela est fait pour souligner le propos du film. Peut-être pas dans la plus grande subtilité (un peu comme cette critique d'ailleurs, j'en ai bien conscience), mais le propos a, je crois, le mérite d'être clair.


Pour souligner encore un peu plus le ridicule des Pogroms divers, Amenabar distille de temps à autre une image de la terre vue de l'espace qui renvoie aussi bien à l'absurdité de l'existence humaine qu'a la place quelconque de l'homme et de ses turpitudes métaphysique concernant la pensée de Dieu que tous les fanatiques pensent détenir, alors qu'au fond, seule Hypatie, et son manque de certitudes, semble rejoindre une partie de la vérité.


Le film est en fait très moderne, en ce qu'il dénonce ce que nous avons le triste privilège d'assister depuis quelques années: la résurgence du sentiment religieux et de sa cohorte de fanatiques, cherchant à combattre un monde construit sur la raison.
Il suffit de voir les créationnistes de tous poils cherchant à se mettre sur le même pied d'égalité que la théorie de l'évolution.
Il suffit de voir le nombre hallucinant d'imbéciles qui croient dur comme fer que le monde à été crée il y a 6000 ans malgré les tonnes d'évidences qui prouvent qu'il date de 4 milliards et demi d'années, parce que c'est écrit dans la Bible, la Thora, le coran, ou je ne sais quel livre de pure fiction.
Il n'y a qu'a voir le conflit des civilisations qui semble s’approcher de nous a grand pas mené de part et d'autres par les gens emplis de certitudes sur une soi disant vérité, pourtant fluctuante selon les époques et les cultures.


Donc d'un point de vue thématique, j'adore simplement Agora. Ce n'est pas par manque de subtilité que le film d'Aménabar pèche (en tout cas selon mon ressenti).
Il est une allégorie féroce du combat entre la raison et l'irrationnel. Et est également bien déprimant, car il semble nous dire que si la raison finira par triompher c'est après un combat long et âpre face à une fanatisme qui revient toujours pour nous enquiquiner.


Par contre, en dehors de son thème, Agora a quelques ratés, notamment les scènes du trio amoureux, un peu faiblarde et peu intéressantes sur l'ensemble.


Le scènes de combat son correctes sans être extraordinaire, et certains effets sont franchement moyens.


D'un point de vue purement historique, Amenabar noirci un peu le tableau, et n'est pas toujours exact en tout d'après ce que j'ai pu lire ci et là. On peut le lui reprocher, mais je crois qu'il le fait en toute connaissance de cause pour servir son propos.


La reconstitution d'Alexandrie est d'un bon niveau, et j'ai trouvé l'ensemble du casting convaincant, même dans les petits rôles. Rachel Weisz est tout à fait à son affaire dans le rôle d'Hypatie, un rôle pourtant difficile.


Agora est donc un très bon film en ce qui me concerne, mais parce que je suis tout à fait sensible à son message. Pour les autres, ça reste tout de même un péplum largement au dessus de la moyenne du genre, et je vous le recommande chaudement.

Samu-L
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le 25 sept. 2014

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Samu-L

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