Un premier long-métrage en demi-teinte

Le réalisateur sud-coréen Kim Ui-Seok revient en 2018 avec son premier long-métrage en tant que réalisateur après plusieurs courts comme Bon Appetit et Dishonor. Le film a remporté le prix du meilleur film et le prix d’interprétation pour Jeon Yeo-Bin dans la section « New Currents » au Busan International Film Festival de 2017.


Au casting nous retrouvons donc Jeon Yeo-Bin (The Great Patriots, Merry Christmas Mr. No) interprétant Lee Young-Hee. Le reste de la distribution est essentiellement composé d’acteurs et actrices surtout connus en Corée du Sud comme Seo Young-Hwa qui joue la mère de la victime ou encore Yoo Jae-Myung campant le rôle de l’inspecteur.


Mais de quoi parle After My Death ? La disparition soudaine d’une lycéenne précipite la communauté scolaire dans le chaos. Famille, enseignants et élèves cherchent à fuir toute responsabilité, l’image de l’école étant en jeu. On suspecte le suicide mais Young-Hee, dernière à l’avoir vue vivante, est accusée par tout le monde. Bouc-émissaire idéal, elle va tout faire pour échapper à ces accusations mais quel secret, quel pacte peut-elle bien cacher ?


Le début annonce un thriller policier avec un cadavre à retrouver et une enquête qui en découle avec des suspects ayant leurs secrets or on comprend vite que c’est un suicide. Le thème de départ est intéressant car le suicide chez les jeunes en Corée du Sud est très répandu et représente un vrai fléau pour le pays. Le réalisateur nous livre en conséquence une vision inquiétante de sa nation où la quête de réussite (avec le fameux examen d’entrée à l’université, qui est un enjeu très important pour eux, et l’avenir professionnel en découlant ) et la réputation (surtout celle de l’école) sont plus importantes que tout et prennent le dessus sur l’humain. Le thème du harcèlement est également bien traité. Young-Hee est directement considérée comme le bouc émissaire car n’est pas comme les autres, en effet elle n’écoute pas de K-pop et cela est très suspect pour ses autres camarades. Et donc, à cause de cela entre autres, ces dernières vont toutes se retourner contre elle, tant avec de la violence physique que morale.


Le film tenait ainsi un bon sujet or il n’est réellement abordé et traité que dans une première partie du film, environ jusqu’à la cérémonie funéraire. Cette scène est d’ailleurs très intéressante car on peut y voir les us et coutumes sud-coréens concernant la mort, même s’ils sont parfois déconcertants lorsque l’on voit une sorte de chaman se disant habitée par la défunte et qui rentre dans une transe/exorcisme étrange. A partir de ce moment-là, la qualité du film descend et le rythme précédemment maîtrisé se brise. Le réalisateur voulant traiter de beaucoup de problèmes sociétaux


(homosexualité, agression sexuelle sur mineure…)


se perd un peu dans son scénario et le film en pâtit. Plus on avance et plus il rajoute d’intrigues comportant des problèmes et le spectateur en ressort un peu perdu. Un autre point négatif est que le film s’ouvre sur Young-Hee délivrant un message à sa classe en langue de signes et ces derniers applaudissent or ce n’est pas sous-titré, ce qui laisse le spectateur dans le mystère. Cependant, pour les sourds-muets ou tout ceux qui connaissent cette langue, une partie du film est clairement spoilée car on revoit la même scène bien plus tard dans le film mais cette fois-ci traduite. Enfin, la fin mystérieuse qui nous laisse entendre qu’une révélation va arriver est coupée nette par l’écran noir du générique. Le dénouement est trop abrupt et énigmatique sans réelles conclusion ou réponses.


En conclusion, le réalisateur sud-coréen Kim Ui-Seok nous livre donc un premier long-métrage en demi-teinte. Partant d’une bonne idée avec l’envie de traiter ce fléau qu’est le suicide de nombreux adolescents sud-coréens, il se perd ensuite dans une volonté d’aborder tous les malheurs du monde et n’arrive, par conséquent, plus à maîtriser son film.

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le 27 nov. 2018

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