Manie puante de l’auto-fiction au détriment d’une histoire forte

ADN c’est comme Polisse, et comme tout ses autres films paraît il. Un chouette sujet très vite parasité par de l’auto fiction. À croire que Maïwenn aime saboter toute la richesse qu’elle est susceptible de proposer au profit de sa trogne et de son nombrilisme qui n’intéresse personne mis à part peut-être des fans hardcores ou fétichistes morbides.

Donc encore une fois, Maïwenn vient avec une histoire forte. D’instant on est touché par le drame, par cette famille en deuil, déstructurée et démunie, amputée de son moteur, de sa colonne vertébrale. Le pilier qui alliait et canalisait les esprits n’est plus et seule subsiste la discorde et les regrets dans les esprits échauffés. Une tragédie embaumée de problèmes, de contradictions et de mésententes vont dresser les poils du spectateur et feront couler ses larmes tant le déchirement est d’une force insoupçonnée.

Maïwenn impressionne à nous procurer autant d’émotions en nous, insufflant à toute cette petite famille suffisamment d’épaisseur pour nous toucher. Ainsi, la première partie du long-métrage se concentrant sur les obsèques nous conquit. La qualité de Maïwenn dans la direction d’acteur est époustouflante et chacun des acteurs sont bons, on passe du rire au larme de manière quasi insolente tant la réalisatrice semble jouer avec nos sentiments. Qui plus est et chose invraisemblablement notable, Maïwenn arrive à soutirer du beau dans un freestyle de rap amateur, jusque là, toujours source de profond malaise dans les films.

Seulement voilà, en pur film de Maïwenn, il fallait bien qu’elle le lobotomise. Après avoir passé l’épisode des obsèques, le personnage qu’elle interprète ressentira le besoin de faire un test ADN... Pourquoi pas après tout, même si ça semble faible de partir dans cette direction, peut-être qu’elle a quelque chose à nous proposer. Hélas non, c’est vide, ça ne sert à rien et ça a même la bonne idée d’éclipser pour aucune raison une bonne partie des membres de la famille que l’on rencontrait pendant la première heure.

C’est, sans aucun remords que Maïwenn centrera son récit non plus sur la famille mais sur SON personnage... qui n’était pas plus intéressant qu’un autre. Réduisant en poussières bons nombres d’interactions, annihilant tout intérêt que l’on portait jusque là, atomisant toute la saveur du récit. Par ailleurs, cette deuxième moitié de film aura également été l’instigatrice de moultes interrogations qui ne seront jamais expliquées : qui est qui ? Il joue qui Louis Garrel ? La réponse se trouve non pas dans le film mais devinez où ??? Dans le synopsis.

À cause de sa deuxième moitié de film, Maïwenn a tailladé le voile qui nous aveuglait durant la première partie. Là où elle était suffisamment brillante pour que l’on soit indulgent avec le récit, la faiblesse de cette deuxième partie nous fait remarquer de quantités de défauts d’écritures qui seraient passés inaperçus si elle ne s’était pas recentrée en vain.

C’est dommage, un potentiel énorme salopé par un besoin constant de se montrer, de s’afficher au détriment de son sujet... Encore et toujours, sinistrement pitoyable.

Smathy
6
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le 25 mai 2021

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