J'admire le projet d'Édouard Baer qui part de la volonté simple de faire un film qui raconte un dîner de retrouvailles entre amis. Le genre de film qui tient sur son ambiance, qui n'est que ça d'ailleurs, une ambiance. Mais, entre nous, ça ressemble assez à un dîners de vieux cons, cette réunion. Il n'y a pas vraiment de personnage à qui donner sa sympathie, sauf Benoît Poelvoorde, mais qui doit rester à l'écart pour une raison que personne ne comprend mais que tous admettent. On finit par se rapprocher du personnage de Michael, joué par Gérard Depardieu, qui hésite à y aller, qui connaît tout du déroulé de la soirée, qui attend le bon moment et finit par ne jamais y rendre. On est comme lui, ou comme Alain, joué parfaitement par Nicolas Marié, qui ne sait pas ce qu'il fait là, qui oublie et se perd dans le restaurant. En fait, j'ai l'impression qu'on se raccroche aux personnages qui ne font pas partie du dîner, qu'on n'est pas concerné par ce dîner, qui représente cependant une très grande majorité du film. Les délires de ces vieux amis ne m'ont pas emballé, je n'ai pas compris, j'avais l'impression d'être étranger à leur bande. Étrange, cette volonté d'exclure le spectateur... Quelques moments drôles nous ramenaient à l'idée de base, mais c'était bref. Trop bref pour qu'on veuille rester à tout prix... Peut-être faut-il être plus vieux pour apprécier, je ne sais pas. Il y a une nostalgie évidente qui se dégage du film, mais elle ne m'atteint pas, l'humour des vieux ne me fait pas vraiment rire. C'est une autre génération, qui semble refuser les plus jeunes. Benoît Poelvoorde dit à Édouard Baer, qui passe par là, qu'il est le con de leur dîner. Et là, nous qui nous attachions à lui comme une huître à son rocher, nous nous sentons cons mais en même temps nous sentons qu'il a raison. J'ai aimé Adieu les cons, j'ai aimé Le dîner de Cons, mais là, j'ai eu un peu plus de mal. Le concept était bon, mais ça allait dans tous les sens jusqu'à se perdre finalement dans de tristes clichés. Allez, Adieu !