Imaginez un peu la scène : votre mari que vous avez toujours connu comme étant le dernier des troufions, le genre à flatuler peinard sous la couette et à singer Messi de nain, le genre à constamment l'ouvrir quand il faut pas et à se la fermer à la mode ronchon aux moments inopportuns...et bah voilà que vous êtes invité à un mariage avec notre abruti de service, le jour de la finale de la coupe d'Espagne qui plus est. Le mariole vous fout la honte de votre vie, humilie votre cousin lors d'une séance d'hypnose abracadabrantesque et j'en passe et des meilleurs. Et en parlant de meilleur, il est bien à venir croyez moi. Voilà que vous avez supporté l'empaffé toute la soirée et...mystérieusement...le voilà tout étrange, à plus savoir où qu'il est ni qui sont ces loustiques se déhanchant sur les plus grands tubes des années 80.


Sa femme au troufion elle va sacrément avaler sa glotte, sa langue et puis les dents lorsqu'au matin, monsieur est transformé. Il est serviable, attentif et amical ; on aurait presque envie de lui caresser la tignasse pour le féliciter, le tout accompagné d'un petit susucre. Décidément y'a un truc qui déconne avec lui. Forcé de constater, après diverses péripéties amusantes que notre homme s'est fait posséder le derche par un esprit aux antipodes de sa personnalité. Si notre héroïne de femme trop habituée à la résignation va peu à peu se complaire dans ce renouveau tout trouvé, les découvertes qu'elle fera sur la véritable identité de l'esprit aura tôt fait de la plonger dans l'horreur. En effet, il va s'avérer que l'esprit frappeur n'est autre qu'un dangereux schizophrène adepte de l'hallucination et du meurtre sanglant. "Pas de bol" on va envie de s'écrier sur notre fauteuil à fantasme.


Abracadabra est une de ces comédies (espagnoles, s'il est utile de le préciser) qu'on retient, qu'on pourrait prendre en exemple lors de folles soirées de réveillon en famille. La raison est fort simple : c'est une œuvre très divertissante et truculente. Pas unique ni magistrale, pas à se taper le cul par terre ou suffocante comme un pilon de poularde coincé dans l'oesophage, pas à éveiller les consciences et détruire les murs d'une existence formatée, non, le film est parfaitement honnête dans ce qu'il propose, à savoir une aventure rocambolesque aux gags et situations d'une belle drôlerie.


Si son achèvement tend à quelques interprétations, ce qui n'est pas un mal en soi, le tout est à mon sens agréable sans se forcer, à l'image de son trublion de réalisateur : le très intéressant Pablo Berger dont sa réécriture de Blanche Neige n'est pas encore passé devant mes mirettes.


Par ailleurs, on pourra se satisfaire d'une mise en scène efficace et d'un fond musical qui ne saurait l'être moins. On oubliera cependant la représentation comme toujours assez mauvaise de la schizophrenie (j'ai l'espoir d'un jour tomber sur un long métrage à la hauteur de la réalité psychique de cette fascinante pathologie), on mettra nos arrières pensées sous clef et on décidera d'aller lâcher prise face à une histoire charmante, parfois incisive, parfois maladroite, mais qui ne trahit pas dans sa sincérité.

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le 13 déc. 2017

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Fosca

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