A.X.L.
4.2
A.X.L.

Film de Oliver Daly (2018)

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À la niche, A.X.L., mauvais chien !

Décidément, les complexes militaro-industriels américains sont de vraies passoires ! Ça ne loupe jamais : leurs trouvailles se font toujours la malle pour échouer entre les mains d'un adolescent (de préférence mal dans sa peau et pauvre) et permettent à celui-ci de régler tous ses petits soucis grâce à la force de son amitié avec son nouveau petit compagnon extraordinaire. D'habitude, ces cobayes en fuite sont des aliens ou des enfants aux super-pouvoirs mais il est vrai qu'on n'avait pas encore vu de chien-robot construit à des fins évidemment guerrières avoir ce rôle, "A.X.L." (comprendre "Attack.Exploration.Logistic.") se charge donc de réparer ce terrible manque dont on n'avait pas forcément conscience, il faut bien l'avouer...


Avant de parler du long-métrage d'Oliver Daly en tant que tel, revenons un peu en arrière pour évoquer "Monster Cars" sorti en 2016, un objet déjà étrange dont la légende retient surtout un flop retentissant basé sur une idée émanant de l'imagination d'un garçon de quatre ans. Le film racontait l'histoire d'un adolescent, passionné de mécanique et de vitesse, qui passait son temps à élaborer un monster truck. Sa construction allait prendre une appellation plus littérale qu'il ne le pensait lorsque sa route croisa celle d'une créature aux pouvoirs étonnants et poursuivie par une firme pétrolière... Rien de transcendant a priori et, pourtant, le film de Chris Wedge fonctionnait contre toute attente en retrouvant cette espèce de naïveté enfantine propres aux productions Amblin d'une certaine époque et en dynamitant son intrigue prévisible grâce à la générosité de ses péripéties. Certes, on ne cria pas au chef-d'oeuvre du genre à l'époque mais force est de constater qu'on avait passé un bon moment devant un truc que tout esprit cartésien jugerait normalement invraisemblable a priori.


Nous voilà donc deux ans après ce "Monster Cars" déjà plus ou moins effacé de la mémoire collective... mais pas celle d'Oliver Daly apparemment qui a eu la curieuse idée d'en livrer une mauvaise photocopie ayant pourtant comme point de départ son propre court-métrage original, "Miles".
Tout y est simplement répété à quelques variations près : le chien robot remplace la créature, la passion pour les deux-roues celle des pick-up rafistolés, des scientifiques en roue libre en lieu et place des magnats cupides du pétrole, le héros incarné par Alex Neustaedter est un pur décalque de celui joué par Lucas Till (coupe de cheveux comprise), la jolie fille s'investissant beaucoup trop dans cette affaire au risque de tout perdre passe du physique de Jane Levy à celui de la chanteuse Becky G (vue dans "Power Rangers"), Thomas Jane fait un coucou-je-cachetonne à la place de Danny Glover, même le dernier acte copie la poursuite finale de "Monster Cars"... et toujours en bien moins sympathique, c'est d'ailleurs tout le problème de cet "A.X.L." qui rabâche tout en n'atteignant jamais la fraîcheur de son prédécesseur.


En fait, "A.X.L." régresse carrément sur tous les plans et se montre incapable de trouver la magie naïve qui devrait découler de cette histoire d'amitié improbable entre un garçon et un chien-robot. Au niveau de l'intrigue, c'en est même désespérant : à part une rivalité adolescente entre le héros et son double maléfique (riche et idiot... oui, c'est subtil) causée par la jolie fille, rien, du moins, pas grand chose vu que les scientifiques du complexe à la poursuite de leur création font absolument n'importe quoi (tout en se résumant à deux gugusses derrière un ordinateur) et ne rendent pas crédible pour un sou le discours simpliste sur l'utilisation pacifique ou violente de A.X.L.. Et si vous comptez sur des scènes d'action généreuses pour pallier ça, vous allez vraiment rester sur votre faim (seule la dernière partie prend réellement peu d'envergure de ce côté).
D'ailleurs, notre chien-chien mécanique ressemble hélas plus à un énorme morceau de plastique échappé d'une scène recalée d'un "Transformers" version Asylum qu'à une montagne de force et de métal, d'autant plus que ses fonctionnalités afin de créer un minimum d'humour (juke-box, boule à facettes, carte bancaire illimitée, ...) se révèlent plus gênantes qu'autre chose. Si même la créature qui donne son titre au film n'est pas une réussite, il n'y plus rien à espérer d'une affaire si mal engagée...


On sera un minimum tolérant en disant que ça se regarde d'un oeil assoupi tout en paraissant beaucoup trop long pour pas grand chose, peut-être même que les plus jeunes n'ayant jamais vu une histoire de ce type y trouveront leur compte, mais, pour les autres, "A.X.L." ressemblera probablement toujours à un copier-coller d'un autre film bien meilleur en plus mauvais, formaté et fabriqué à la va-vite. À la niche, A.X.L., À LA NICHE !

RedArrow
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le 28 oct. 2018

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RedArrow

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