A Wind Named Amnesia
5.7
A Wind Named Amnesia

Long-métrage d'animation de Kazuo Yamazaki (1990)

L’animation japonaise des années 80 et 90 regorge de films apocalyptiques. A Wind Named Amnesia en est un, mais il se différencie des habituelles catastrophes nucléaires ou climatiques par la mise en scène d’un vent mystérieux qui provoque l’amnésie de l’ensemble du genre humain. Cette idée nous plonge d’emblée dans de saisissants tableaux de villes et de paysages hantés par des hommes réduits à l’état d’animaux, vivants au mieux en tribus adorant des idoles païennes, ou au pire en bêtes solitaires s’entre‑tuant pour un peu de nourriture.


L’originalité du scénario est d’opposer à ces meutes humaines un personnage qui va recouvrer la mémoire, et donc la parole et son humanité. Wataru, « voyageur » en japonais, devient ainsi comme une mémoire vivante de la civilisation humaine agonisante, en partant sur la route à la découverte de ses vestiges, pour peut‑être un jour transmettre ce qu’il a vu et appris à d’autres éventuels rescapés du vent de l’amnésie.


Les péripéties de notre musée vivant, comme on pourrait l’appeler, sont en revanche moins originales, même si elles ne sont pas dénuées de charme. Il est poursuivi par un robot fou qui, on ne sait trop pourquoi, ne le lâche jamais (à la manière d’un Terminator, première version bien sûr) et semble capable de se réparer indéfiniment. On rencontre aussi une ville idéale, épargnée en apparence par le fléau, qui fait penser au Meilleur des mondes de Huxley ou à THX 1138 de George Lucas, sans compter les multiples hommes‑animaux terrifiés par le langage et qui sont revenus à des sociétés tribales et sacrificatoires. L’ensemble insiste lourdement sur la fragilité de notre civilisation et tend bizarrement à montrer que tous, sinon notre héros, préfèrent se réfugier dans la peur, l’animalité et l’obscurantisme, plutôt que d’être courageux et de partir voyager aux quatre coins de la terre en quête de savoir et de culture. Le film est ainsi un peu comme un signal d’alarme contre à la fois les mauvais penchants de l’homme qui pourraient revenir très vite, mais aussi contre la toute‑puissance de la science souvent menaçante dans le récit. Malheureusement, l’explication finale de la cause du vent d’amnésie, complètement inutile du reste et dont on se serait fort bien passé, gâche un peu ces péripéties assez distrayantes.


Il reste néanmoins que le dessin des personnages, inspiré par les illustrations de Yoshitaka Amano pour le roman original dont est tiré l’animé, est très réussi, que ce soit les hommes ayant encore un aspect civilisé ou les bêtes humaines grouillant dans les villes. Les couleurs et la luminosité des zones et paysages traversés sont tout autant convaincantes, comme c'est le cas avec la grisaille poussiéreuse et angoissante des métropoles abandonnées ou encore avec la blancheur éclatante, presque agressive, de la « ville éternelle ». La musique, enfin, fonctionne bien en venant appuyer les moments inquiétants ou accompagner les scènes d’actions.


En somme, A Wind Named Amnesia est réussi sans pour autant être exceptionnel. À conseiller aux amateurs de science‑fiction et à ceux aimant un brin de réflexion dans les animés.

Cypou_
6
Écrit par

Créée

le 19 sept. 2015

Critique lue 475 fois

3 j'aime

Cypou_

Écrit par

Critique lue 475 fois

3

D'autres avis sur A Wind Named Amnesia

A Wind Named Amnesia
Tibulle85
6

Un scénario ouvert aux quatre vents

(Vu sur RetroCrush) Réalisé chez MadHouse, on est là devant le film le plus abouti techniquement que j'ai pu voir de Kazuo Yamazaki, réalisateur (un peu lambda, il faut le dire) ayant sinon œuvré...

le 18 oct. 2020

1 j'aime

5

A Wind Named Amnesia
AyanamiRei
6

PAS UNE CRITIQUE!

DVD "Manga-mania" A post-apocalyptic road-movie, starting on a good concept offering some interesting cases, sadly interspaced with random action scenes & a continuous robot chase, the whole...

le 11 févr. 2020

1 j'aime

A Wind Named Amnesia
Raoh
6

Comment fait-on pour dormir et manger déjà ?

Voilà un film d'animation qui rentre parfaitement dans mes goûts, design oldschool à la Bastard !! et concept post apocalyptique original. L'humanité perd toute sa mémoire, donc elle redevient au...

Par

le 5 nov. 2010

1 j'aime

Du même critique

Golgo 13, the Professional
Cypou_
9

De toute beauté

Golgo 13 : The Professional, c'est des images somptueuses avec une touche pop art, une musique lancinante à la Cowboy Bebop, une histoire qui met à l’épreuve les capacités légendaires du tueur hors...

le 19 sept. 2015

4 j'aime

Street Fighter II : Le Film
Cypou_
9

Génial !

Génial, génial, génial, génial, génial, génial, génial, génial, génial, génial, génial, génial, génial, génial, génial, génial, génial, génial, génial, génial, génial, génial, génial, génial, génial,...

le 30 août 2016

3 j'aime

Arion
Cypou_
5

Gni ?

Le combat de l’humanité pour s’émanciper de la tutelle des dieux de l’Olympe : voilà en substance le résumé du film. Si après avoir lu cette magnifique phrase d’accroche, vous vous dites que vous...

le 19 sept. 2015

3 j'aime