Pas de réel début, pas de réelle fin, pas de réelle intrigue non plus si ce n'est la vie de Bob Arctor, un agent des stups à l'identité masquée infiltré parmi des toxicomanes qui se rend compte que sa vraie identité est également suspectée. Il doit alors lutter contre une démence qui le ronge peu à peu, des troubles de la perception due à cause de la Substance M, cette drogue qu'il chasse mais qu'il "doit" ingurgiter chaque jour pour son boulot. Petit à petit, notre cher Bob (le monstrueux Keanu Reeves) se meurt, désemparé par ses souvenirs, réalisant la vie qu'il mène, perdant ses repères face à cette difficulté d'assumer une double-vie, l'une étant toute aussi dure à encaisser que l'autre.


Sa fausse-vraie vie consiste à traîner auprès de glandeurs drogués jusqu'à la moelle, véritables paranos ambulants se prenant constamment la tête sur la moindre des petites choses, que ce soit l'achat d'un vélo auquel il manque des vitesses ou un problème technique sur leur voiture. Ces ramollis du cerveau excentriques sont incarnés par le génial Robert Downey, Jr., les trop rares Woody Harrelson et Wynona Ryder ainsi que par Rory Cochrane, ici absolument surprenant en junkie aux tics incessants.


La quasi-intégralité du film repose donc sur le quotidien de ces gens dépendants à la Substance M, perdant eux aussi leurs repères, se disputant, se méfiant les uns des autres, au même titre que notre héros désemparé qui doit bien évidemment continuer son investigation secrète, même auprès de ses supérieurs. Le long-métrage est donc le plus réaliste et le moins futuriste de K. Dick mais aussi le plus étrange, la paranoïa étant ici le mot d'ordre, que ce soit à travers les différentes hallucinations des protagonistes que lors de leurs dialogues exubérants.


Richard Linklater réussit donc à pleinement proposer une histoire de mœurs baignant dans le bizarre et l'incompréhension, utilisant notamment la rotoscopie avancée pour rendre le métrage unique. A Scanner Darkly est donc un OFNI intrigant, étrange et passionnant, pas facile à suivre mais diablement surprenant.

MalevolentReviews
8

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films avec Robert Downey Jr. et Les meilleurs films avec Keanu Reeves

Créée

le 8 avr. 2019

Critique lue 164 fois

Critique lue 164 fois

D'autres avis sur A Scanner Darkly

A Scanner Darkly
Gothic
8

Paranoïa Agent

«Les Fleurs du M.» Pas de quoi induire un syndrome de Stendhal, je vous l'accorde. N'empêche que ça sonnait bien, comme titre de critique, avant que je ne retombe sur le billet de mon pote Pif (très...

le 21 janv. 2017

49 j'aime

3

A Scanner Darkly
Tybalt
8

Critique de A Scanner Darkly par Tybalt

La Substance M a déjà peu à peu modifié ma perception au moment où les premières images apparaissent à l'écran. D'ailleurs est ce que je regarde l'écran ou est ce que c'est lui qui me regarde ? Les...

le 13 oct. 2010

42 j'aime

12

A Scanner Darkly
Hypérion
7

Essai non transformé

On peut considérer A Scanner Darkly comme un essai non transformé (oui, je fais bien une analogie avec le monde du rugby). Il y a des intentions louables, des passages où l'esprit du livre de Philip...

le 3 août 2015

26 j'aime

6

Du même critique

Wonder Woman 1984
MalevolentReviews
3

Tant qu'il y aura des hommes

Toujours perdu dans une tourmente de décisions visuelles et scénaristiques, de décalages et de tonalités adéquates, DC Comics se fourvoie une nouvelle fois dans un total manque de cohésion et par...

le 26 déc. 2020

67 j'aime

6

Dune
MalevolentReviews
5

L'Épice aux étoiles

Attendu comme le Messie, le Dune nouveau aura été languissant avec son public. Les détracteurs de Denis Villeneuve s'en donne à cœur joie pour défoncer le produit à la seule vue de sa bande-annonce,...

le 18 sept. 2021

43 j'aime

5

Kaamelott - Premier Volet
MalevolentReviews
5

Les prolongations

Il l'a dit, il l'a fait. Plus de dix ans d'absence, dix ans d'attente, dix ans de doute, une année de retard à cause de la pandémie. Kaamelott a marqué la télévision, de par son ampleur, son aura...

le 20 juil. 2021

39 j'aime

10