Harrison Ford a surtout joué des aventuriers intrépides, des flics intrépides, des docteurs intrépides ou encore des papas intrépides. Ici, il nous surprend puisqu'il joue un avocat verreux en pleine rééducation suite à une anoxie.

Le scénario est plutôt intelligent car l'objectif d'Henry, redevenir un être humain (et toutes les métaphores qui en découlent), est composé de petits objectifs compréhensibles et reliables. Ainsi l'émotion me paraît honnêtement méritée puisqu'on assiste à sa rééducation pas à pas, à chacun de ses combats et chacune de ses 'petites' victoires. En plus, l'auteur ajoute une touche d'humour à ce lourd sujet, montrant bien qu'il ne souhaite pas tomber dans le misérabilisme facile.

L'évolution du personnage est remarquable et brute: avec sa rééducation physique et mentale, il doit se reconstruire une âme, une vie, un parcours. C'est peut être un peu facile et prévisible, et surtout pleins de bons sentiments. Les détracteurs du happy ending se verront certainement offusqués par la fin. Les autres profiteront simplement de la renaissance complète de cet homme, un peu diéalisée, certes, mais de temps en temps, ce genre de choses ne fait pas de mal... un peu comme le manichéisme.

Côté réalisation, Mike Nichols s'efface derrière son sujet; sa caméra est au service de l'histoire. Certainement pas une mise en scène mémorable en conséquence, mais c'est tant mieux. Des effets de style auraient pu entâcher le propos teinté d'humilité.

On pourra tout de même reprocher un manque de scènes fortes dans la deuxième partie et l'impression de juste survoler chacune des étapes: en conséquence, il est difficile de comprendre le chagrin familial ou la détresse réelle de la situation puisque tout semble se produire en quelques mois. De ces défauts résulte un manque de rythme dans les 30 dernières minutes ainsi qu'une fin un peu expéditive. On notera également l'absence facile de problèmes financiers grâce à sa rapidité de réveil.

Bref, il s'agit d'un film plutôt sympathique, un drame familiale comme on n'en fait plus beaucoup avec honnêteté (je pense notamment à l'horrible Intouchables), qui évite le plus souvent la facilité, divertit et suscite l'émotion. Je recommande.
Fatpooper
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le 4 mars 2012

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Fatpooper

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