Ridicule et dramatique à la fois

Sepideh emmène une joyeuse troupe d'amis passer trois jours dans une maison au bord de la mer. Elle a en tête de se faire rencontrer Ahmad, qui vient de rentrer d'Allemagne et Elly, la maîtresse d'école de ses enfants. Une villa abandonnée, la seule disponible pour la durée du séjour souhaitée, sera le décor de cette comédie dramatique. A l'ambiance euphorique, alimentée par des allusions plus ou moins discrètes et remarques déplacées, succède la valse avec la morbidité.

En effet, la comédie légère vire au drame quand un des enfants manque de se noyer et qu'Elly disparait. Au-delà du scénario, qui prend des airs d'enquête policière, chacun revenant sur les moments précédant le drame, il est un prétexte pour Asghar Farhadi lui permettant de nous exposer la représentation qu'a la société iranienne du couple et du mariage.

Le ridicule de la situation va de pair avec son tournant dramatique. Ainsi, on présente Ahmad et Elly comme de jeunes mariés devant les propriétaires de la maison, qui s'empresseront de répéter cette information devant le fiancé d'Elly. Une boutade mensongère qui signifie pourtant le déshonneur sur Elly et sa famille. Car si la situation amoureuse et/ou maritale d'une personne est certes importante mais pas primordiale dans nos sociétés occidentales, elle est ici traitée comme une question d'honneur.

Comme à son habitude, Farhadi signe une fresque sociale de la société iranienne, empêtrée dans ses traditions, ses croyances mais aussi ses silences et ses mensonges. Une des forces du film tient au mariage forcé entre le comique ridicule et le drame profond. Cette adresse dans la juxtaposition de ces deux genres peine à cacher des lourdeurs à la fois dans les dialogues et les scènes, qui embarrassent le scénario et le rythme général du film.