Après avoir été enchanté par ses deux films précédents, My Dear Enemy et Come Rain, Come Shine, il eut été malhonnête de dire que je n'attendais pas énormément du nouveau film du réalisateur coréen, mon préféré de la péninsule. En effet, la réalisation et la subtilité du propos de ces deux chefs d'oeuvre, associés à un effort de dépouillement rarement égalé, avaient selon moi amené quelque chose de novateur dans le milieu du 7e Art, notamment grâce à un choix de suivre des personnages pendant une durée limitée - jamais plus d'une journée (tout comme dans Ad-lib Night, fait avant My Dear Enemy).


Mais avec ce nouveau film, qui pourtant voit Jeon Do-yeon refaire équipe avec le cinéaste et Gong Yoo enrichir l'ensemble, c'est une grande déception qui ressort du visionnage. Alors que la plupart des réalisateurs que j'aime beaucoup m'ont presque toujours déçu au moins une fois (Shyamalan avec The Last Airbender, Mann avec Last of the Mohicans ou encore Hou Hsiao-Hsien avec Café Lumière), je me disais que Lee Yoon-ki échapperait à la règle et ferait partie des intouchables, ceux qui sont toujours touchés par la grâce, tels que James Gray, Hayao Miyazaki ou Hirokazu Kore-eda.


Mais non, c'est ici un film terne et laborieux auquel nous avons affaire, entre des clichés venus de nulle part (la scène dans le sauna en plein milieu de la forêt), une musique insupportable qui rend la chose encore plus lourde et seulement quelques moments intéressants (le talent de Gong Yoo y est pour beaucoup). Cette histoire est très lee yoon-kienne, parlant en effet de couples déçus et d'amours perdues, mais le talent n'y est plus. La réalisation si particulière du Coréen, maître des plans-séquence et des longueurs délicieuses, a disparu - ici, beaucoup trop de plans sont futiles, l'image trop clean rend le film encore plus froid et distant, tandis que la trame est grossière. Cette histoire de coïncidences fortuites et de retrouvailles aurait pu être magnifique si Lee était resté fidèle à lui-même, lui qui avouait que beaucoup de gens s'ennuieraient sans doute en regardant ses films. Ici, au contraire, il se passe beaucoup (trop) de choses, avec des rebondissements fabriqués de toutes pièces et toujours cette musique omniprésente qui nous assène le message dramatique du film.


Bref, alors que je m'attendais à un autre chef d'oeuvre, cette attente a laissé place à une grande déception, et la réalisation que Lee Yoon-ki, lui non plus, n'est pas exempt de défauts. Mince!

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le 17 oct. 2016

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小汤 Elvisant

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