Il parait que l'histoire serait inspirée d'un fait réel...
Il parait que les russes auraient mis au point une propulsion silencieuse sous voûte...
Il parait que les américains auraient volé un SNLE aux soviétiques...
Il parait...
Je doute.
Je doute qu'on nous le raconterait.... même aujourd'hui.


Mais ce qui est sur, c'est que le roman a rendu célèbre Tom Clancy, son auteur. Il est écrit selon la fameuse formule à best-seller qu'il a contribué à mettre au point et qui devient pénible à l'usage, mais c'est une excellente histoire. S'il reste un de ces thrillers technologiques, ce sera celui-là. Les invraisemblances sont dissimulées par la construction en mini-récits juxtaposés.


Pour faire un bon film, il faut d'abord une bonne histoire: on l'a. Mais le roman est foisonnant, trop touffu pour être transposé tel quel au cinéma.
John McTiernan coupe, taille, supprime des personnages et des sous-marins. Le film perd en complexité et les invraisemblances ressortent, plus criantes. Néanmoins, il conserve l'esprit de cette guerre du silence qui a tant évolué depuis "Le bateau" de Wolfgang Petersen, ou "L'odyssée du sous-marin Nerka" de Robert Wise.
Pourtant les sous-marins nucléaires d'attaque comme le "Dallas" du commandant Mancuso ou le "Konovalov" du commandant Tupolev sont les héritiers directs des sous-marins allemands qui attaquaient les convois alliés dans l'Atlantique. Il y a quand même une différence énorme: le silence! Le premier qui fait du bruit est mort.
Autre différence, les torpilles ont une tête chercheuse comme n'importe quel missile d'où la nécessité d'utiliser des leurres, ce que montre très bien le film.
Enfin, les sous-marins en plongée vont beaucoup plus vite que les navires de surface. Ceux-ci, ainsi que les avions qui les traquent se sont donc équipés eux-aussi de torpilles.
Selon Clancy (Tempête rouge), les anglais auraient développé un sous-marin capable d'une vitesse de pointe de 65 noeuds (évidemment plus question de discrétion à cette vitesse et parions que tout le monde s'est empressé de fabriquer de nouvelles torpilles plus rapides)


Mais rappelez-vous ce qu'on nous dit dans le film: "Un sous-marin ça freine comme une savonnette". Imaginez un de ces bolides qui croiserait le chalut du Bugaled Breizh...


Par contre, "Octobre rouge" est un SNLE, sous-marin nucléaire lanceur d'engins, comme le tristement célèbre "Koursk". C'est l'arme ultime de la dissuasion nucléaire, "la main de l'homme mort", celui qui frappera même si son pays a été entièrement détruit.
Mais il peut aussi être celui qui déclenchera les hostilités...


Depuis quelques années, par mesure d'économies, la France a choisi l'option "2 en 1". Ils portent moins de missiles que les anciens SNLE et sont moins agiles que les sous-marins d'attaque, mais cela nous permet d'en avoir moins. Par contre, nous continuons de fabriquer des sous-marins d'attaque pour l'Inde et l'Australie.
Le nombre de joueurs pour la domination des océans ou d'une zone d'influence ne cesse de grandir.


McTiernan réussit aussi à faire passer de façon très ludique le jeu hypocrite des négociations entre le secrétaire d'état américain et l'ambassadeur soviétique.
Les acteurs sont bons et font passer les incohérences du récit. Sean Connery est remarquable et porte le film, mais Scott Glenn, Sam Neil, James Earl Jones et Stellan Skarsgârd dans un de ses premiers rôles sont très crédibles.


Il n'est guère possible de comparer ce film avec le chef d'œuvre qu'est "Le bateau", mais tout de même il permet de voir l'énorme évolution de la guerre sous-marine en quelques décennies. C'est sur elle que repose essentiellement l'équilibre de la terreur.


On pourrait encore stopper la Corée du Nord qui ne dispose que de fusées qui ne peuvent porter leurs bombes trop grosses... à condition d'en avoir la volonté...

-Marc-
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le 14 avr. 2014

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-Marc-

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