Avec son intro couillue, le film partait pourtant sur de bons rails, filmant un punk impassible mettant à mort sa famille avant d’incendier sa demeure, brûlant les ponts qui auraient pu le détourner de la direction choisie. Etalant son regard pragmatique et son agressivité, il avait un soupçon de carrure qui pouvait faire illusion question menace. C’est surtout avec la gestion du personnage principal (enfin, ce n’est pas vraiment LE personnage principal, mais c’est celui avec lequel on passera le plus de temps) que le film commence à battre de l’aile. En effet, par ses élans perceptifs, il prend pour habitude de nous donner l’histoire de différents clients qui circulent dans le wall mart, décrivant sans pudeur leur passé. Une façon comme une autre de les introduire et de rendre hommage aux petites existences mornes qui pullulent sur Terre. Mais ce personnage principal est juste ultra agaçant. Enchaînant sans arrêt les citations philosophiques et les traités de morale qu’il a glané ça et là (alors qu’il pisse contre des voitures sur un parking), il affiche une hypocrisie morale d’une complaisance vite énervante parce qu’il ressemble à un petit intello faisant sa crise d’égo sans jamais mettre en pratique ses discours, qu’il étale généreusement devant sa nana pour la faire craquer. Mais heureusement, une révélation après 20 minutes nous révèle qu’en fait, il se fait des films, et que la jeune dont il est amoureux est une peaumée qui exploite son amour pour lui extorquer du fric, et qui se fout de son intelligence ou de ses sentiments (elle ne jure que par la queue). Enfin un peu de frustration et de complexité, qui posent l’état d’esprit d’un jeune sur la voix de la psychopathie (il subit tellement de pression dans ce monde qu’il ne comprend pas qu’il en vient à vouloir réagir avec violence, avec quelques analogies avec le forcené à la clef). Malheureusement, dans n’importe laquelle de ses digressions (le film est plutôt complet, prenant le temps de donner des éléments pour chacun des personnages qu’il a introduit), le film échoue à créer la floppée de sentiments qu’il recherchait. Il affiche une telle envie qu’on y adhère à fond et qu’on le voit comme un film sur la vie (comme si on n’avait pas compris dans quoi on mettait les pieds) qu’il rajoute de la musique classe, douce et mélancolique, et une voix off langoureuse qui accompagne les gens dans leurs parcours, quelle qu’en soit la tournure. On t’explique la vie sans te laisser toi-même faire ta propre expérience, tu vois ? Il y avait quelques honnêtes tentatives ça et là (une femme frustrée dévisageant des clients à la recherche d’affection, un suspect torturé par la bande d’ado sous prétexte des soupçons qui pèsent sur lui…), mais le traitement est si primaire, les personnages sont si quelconques (ce n’est pas vraiment à cause de leur carrure modeste, mais plutôt que la façon dont ils sont mis en scène ne crée pas l’empathie visée), que la virtuosité recherchée échoue tout simplement à exister. Reste un film bourré d’idées qui avait matière à se démarquer comme une bonne surprise (et dont la structure est plutôt bien construite), mais qui ne parvient pas à susciter l’empathie.
Voracinéphile
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le 1 août 2014

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