Voilà un film peu aimé que j’ai apprécié… Si je ne cours pas après les films glauques, celui-ci malgré son sujet sulfureux ne m’a pas paru être un film gratuitement sordide. Sordide il l’est avant tout dans son exploration de la psyché humaine plus que dans les images qui suggèrent beaucoup mais montrent relativement peu. Tout est dans cette force de suggestion, et c’est réussi.


Tom Welles, un jeune détective privé, sûr de lui, mari et père aimant se trouve engagé pour mener une enquête au sujet d’une vidéo dont on ne sait si le crime filmé est une fiction ou une réalité. Cet homme apparemment équilibré et heureux dans sa vie, se trouve alors plongé peu à peu dans les ténèbres les plus profondes de l’esprit humain capable pour gagner de l’argent ou bien de le dépenser de tuer et de mettre en scène le crime. Bienvenue dans le monde du snuff movie !


C’est la transformation de cet homme qui est au cœur du film. Ses premières confrontations avec ce monde lui soulève littéralement le cœur, mais il se lance dans la bataille car au cœur de cette histoire il y a le sort d’une jeune fille disparue, Mary Anne Mathews, et la souffrance d’une mère. Et si pour les personnes qui ont trempé dans cette histoire cette fille n’est rien : « vous avez déterré une fille sans nom que tout le monde a oubliée », Tom Welles, lui ne lâche pas l’affaire et répète avec force ce nom redonnant ainsi à Mary sa dignité, son existence, sa valeur d’être humain à la fois pour elle et pour sa mère.


Face à l’horreur qui se révèle à lui, il est torturé par une question qui ne cesse de revenir et qu’il hurle à la face de ces homme qui ont perdu toute conscience : « pourquoi ? »



J’essaie de comprendre ! Pourquoi lui fallait-il ce film ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi voulait-il un film où une jeune fille se fait charcuter ?



Pourquoi ? Pourquoi t’as regardé ? 



Certains devancent ses questions :



T’arrives pas à comprendre ? (…) J’ai rien à dire qui te fera retrouver le sommeil.



Effectivement, aucune des réponses qui lui seront données ne viendront apaiser son tourment car elles sont toutes plus révoltantes les unes que les autres. Il n’y a pas de réponse à la question du mal. Rien ne peut le justifier, rien ne peut lui donner une cohérence, une raison qui lui donnerait une justification d’exister. Et c’est cette confrontation avec l’absurdité du mal qui affecte l’esprit de Tom au point de le transformer et d’en faire un autre homme.


8MM - Huit millimètres est un film sur le pire de ce que l’homme est capable de commettre, mais aussi sur les effets de la violence sur ceux qui n’en avaient jusque là qu’une connaissance théorique, comme la majorité des personnes. Tom vit une véritable descente aux enfers d’où il ressortira à jamais marqué et transformé. On ne côtoie pas impunément le « diable », même quand c’est pour le combattre.



papy, si tu danses avec le diable, lui il ne changera pas. Mais toi, il te changera.


abscondita
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le 6 août 2022

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abscondita

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