L'opportunisme de l'empire Fox n'est plus une surprise pour personne. Le soir même de la sortie de Die Hard, une suite était inévitable, alors ils ont fait signer tous ceux qu'ils pouvaient choper pour rempiler... McTiernan n'étant pas disponible parce qu'il filmait Sean Connery dans les fonds marins ( et qu'il n'aime pas trop l'idée de faire des suites... ) on fait appel à un petit jeune, Renny Harlin : un Yes Man Finlandais, donc un Kyllä​​ Mies.


Le truc, c'est que comme ils ont décidé de reprendre tout le monde ils se retrouvent à devoir concocter un scénario où à nouveau John McClane est l'élément imprévu d'un plan bien huilé le soir de Noël, sa femme est prise en otage, son pote Powell au téléphone, et Thornburg est un enculé... Qu'à cela ne tienne, se disent-ils, si on répète suffisamment dans le film que la situation est précisément la même, le public sera de notre côté !


Le prévoyant Larry Gordon, un des producteurs du film, a embauché Doug Richardson pour adapter le roman de Walter Wager 58 Minutes à la sauce McClane plusieurs semaines avant que la Fox ne lui demande quoi que ce soit... Puis Joel Silver a imposé son poulain Steven E. De Souza pour peaufiner, et voilà le résultat : Die Hard 2 est une suite qui s'assume, et joue constamment sur le fait que le public pas dupe a déjà vu ça... Ce qui interdira à jamais au film de sérieusement rivaliser avec son prédécesseur, mais il en sera le petit frère turbulent qui sait pas se tenir à table, à Noël.


D'autant qu'il ne vient pas les mains vides, la politique du toujours plus frappant très fort : plus de vilains, donc plus de violence et de morts ( mon préféré : le stalactite ! ), plus de cascades, plus d'explosions... Die Hard 2 est un festival de la surenchère !


Et puis le jeune Renny va faire preuve de beaucoup de malice. Plutôt que de singer vainement McTiernan, comme plus tard Jan de Bont avec Speed, il va s'approprier la mise-en-image avec beaucoup de couilles, et dévoiler des tas de petits détails qui feront par la suite sa marque de fabrique. La Neige, les femmes menues et fortes têtes, et surtout la Finlande. Pour remplacer Beethoven, Renny Harlin a eu l'idée démentielle de mettre l'hymne Finlandais quand McClane est victorieux !


Mais son plus grand coup, peu l'ont perçu à l'époque, va être d'intégrer brillamment les trouvailles esthétiques des gunfights de Hong Kong au sein d'une production américaine. Evidemment, Carpenter avait réussi l'alchimie HK/US avec Big Trouble in Little China, mais son film contenait de vrais Chinois... Là, poussé par Joel Silver qui vient de découvrir The Killer, Renny va s'essayer aux ralentis héroïques entrechoqués de plans à vitesse normale dans un débordement de violence graphique avec beaucoup de panache. La fusillade de l'Annex Skywalk parvient près de dix ans avant Matrix à transposer le fleuron de la mise-en-scène Hong-Kongaise aux écrans occidentaux.


Et puis il envoie quand même quelques plans mémorables, comme la plongée sur Willis à bord de son siège éjectable, l'avion de ligne qui s'écrase ou le combat final sur l'aile... Du haut de ses 23 hivers, Die Harder fait toujours plaisir à voir. Bruce Willis y a assis sa carrière pour toujours, Dennis Franz a trouvé le rôle de sa vie, William Sadler a montré ses fesses et Renny est entré à Hollywood par la grande porte. Par où il est sorti, c'est une autre histoire...

mikeopuvty
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le 6 juin 2013

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Mike Öpuvty

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