Cher Abel Ferrara,

Tu m'excuseras toute forme de bonnes manières que ce soit, j'ai fin du monde ce soir et je n'ai plus de temps. J'en ai déjà bien assez perdu à regarder ta dernière création, en ayant préféré qu'elle ne me donne pas l'impression de durer 4h44. Je tenais quand même, avant de disparaître, à t'adresser quelques remerciements. Oui, tu as bien entendu, des remerciements. Je ne te hais pas, ne vas pas t'enfermer dans cette paranoïa : ton Bad Lieutenant et ton King of New York, sincèrement c'était de la bonne came. Alors ne va pas croire que le monde te hait et qu'il aura raison de crever cette nuit à 4h44.

Alors voilà, Abel, merci.
Merci de me rappeler que la soupe écolo victimaire que tu nous sers à la louche (que dis-je, au chaudron) est imbuvable quand elle nous est servie comme ça, sans réflexion ni recul.
Merci de me rappeler que voir un couple de bobos gueuler dans leur Mac bien posé dans leur appart du Queens que l'Homme est une pauvre merde qui doit retourner dans les arbres est d'un ridicule sans nom.
Merci de me rappeler que filmer des nombrils, des bouts de tétons et des élastiques de calbute dans la pénombre pendant un quart d'heure, c'est le procédé le plus putassier qui soit pour choper ta mention "sensuel et sexuel" dans les Inrocks.
Merci pour ta vision de l'artiste plus stéréotypée que celle des pages Culture de Libération.
Merci de m'avoir flingué, à coup de sons diégétiques sursaturés et de cacophonie arty (klaxons de voiture + électro-pop), les deux derniers dixièmes qui me restaient à force de suivre ta branlette intellectuelle new age.
Merci d'arriver avec quarante ans de retard pour professer ton bouddhisme 2.0.
Merci de m'avoir foutu la tête dans la cuvette des chiottes et de m'avoir piétiné la gueule avec tes gros sabots de moraliste chiant.
Merci d'avoir fait rire d'agacement une salle entière de Parisiens par essence dévoués à ton culte avec ce pensum navrant et bien pensant, que l'on t'imagine balancer avec le sourire satisfait du mec qui vient d'enfoncer une porte ouverte avec des mocassins Prada.

Et merci de me rappeler pourquoi ce cinéma aut(eur)iste crétin et puant de suffisance ne me manquera pas après l'Apocalypse.

Allez, Abel, je te claque pas la bise ; j'espère au moins que quand les extraterrestres débarqueront dans la nuit, ils emporteront ce film avec eux. Pour le faire disparaître à jamais de ta filmographie.
Sharpshooter
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le 21 déc. 2012

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Julien Lada

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