S'il y a un cinéma américain qui me passionne, c'est celui des années 1970, car il me parait le plus libre, le plus fou, le plus affranchi des contraintes, quitte à ce que les échecs commerciaux soient nombreux, mais aujourd'hui, nombre d'entre eux sont restés dans la postérité. Le film dont je vais parler, North Dallas Forty, fait partie de ces films de cette décennie qui sont totalement oubliés. En cause le sujet du football américain et ses désillusions.
Dans la ville de Dallas, on suit un joueur d'une équipe semi-professionnelle, incarné par Nick Nolte, qui ne vit que pour ce sport, les sorties entre potes, les entrainements, tout cela lui est inutile, car ce qu'il rêve avant tout, c'est d'être sur le terrain. Seulement, il est blessé à l'épaule, et vit donc très mal d'être mis sur la touche ; c'est aussi le moment où il va rencontrer une femme, jouée par Dayle Haddon.


Bien que le film soit produit par Paramount, le projet n'a pas eu l'aval de la NFL car il montre des coulisses peu enviables de ce sport, ainsi qu'un portrait trop déprimant de ses joueurs. Car on ne peut pas dire que ceux-ci soient montrés comme des agneaux ; ils passent leur temps ensemble, à boire, à chasser, à sauter sur tout ce qui bouge lors de séries débridées aux bords de piscines, voire à se battre durant les entrainements. Nick Nolte apparait comme un fantôme, obligé quelque part de les accompagner pour garder un semblant de vie sociale, au point de finir ses nuits d'ivresse dans un sale état comme on le voit dans le générique d'ouverture, mais on le pressent comme profondément malheureux. Car il ne s'accomplit pas sur le terrain.
Tout cela est montré de manière frontale par le réalisateur Ted Kotcheff, qui semble aimer ce sport vu la manière dont c'est filmé, mais les matchs importent peu. Ce qui compte pour lui, c'est la vie de cette équipe de Dallas, qui partage les joies et les peines, qui se baladent nus dans les vestiaires, comme une unité, que souhaiterait rejoindre le personnage de Nick Nolte, handicapé par sa blessure à l'épaule, qui va le contraindre à une grave décision.


Le portrait fait de ce sport n'a rien de reluisant et pourtant, le film a eu un certain succès lors de sa sortie américaine. Est-ce parce qu'on les voit les coulisses ? Ou tout simplement par les qualités cinématographiques qui sont si évidentes, à commencer Nick Nolte, qu'on a rarement vu aussi faible, dans le sens où sa colère ne fait montrer qu'une frustration que comble en partie sa relation avec Dayle Haddon, qui est un peu sacrifiée.


Je pense que le film, de par son sujet, est totalement inédit en France, et mérite d'être découvert. Ce qui me fait penser que Ted Kotcheff n'est pas l'homme d'un seul film, Rambo, mais a aussi d'autres belles réussites ; La grande cuisine, Retour vers l'enfer ou l'immense Wake in fright.
Le sujet même du football américain n'est en fin de compte qu'une façade pour être au fond le portrait âpre et touchant d'un homme qui ne peut plus, tout simplement.

Boubakar
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le 2 mars 2021

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