Succès sans précédent

Succès surprise au box-office en 2007, 300 avait déchaîné les critiques injustifiées (ou non) tant sur le fond (propagande anti iranienne, dut à l’écriture de Franck Miller) que sur la forme (film crypto gay, abusant de la slow-motion et du fond vert). Pourtant l’engouement du publique pour cette réinterprétation de la bataille de Thermopyles, donnera confiance à la Warner et à Frank Miller pour mettre en route un prequel/suite à l’univers des 300 spartiates. Malheureusement, Zack Snyder délaissera son siège de réalisateur, pour celui de producteur et de co-scénariste, avec Frank Miller, pour aller s’occuper d’un certain Jésus Chr…kryptonien. La réalisation de ce projet reviendra donc à Noam Murro, metteur en scène israélien, qui n’avait qu’à son actif Smart People, en 2007. Donc autant dire que le projet semblait voué à l’échec.

L’histoire romancée

A la base, le film devait grandement s’inspirer du comics prequel, de Frank Miller et centré sur l’empereur Xerxès, annoncé depuis 2008, l’auteur aura pourtant pris beaucoup de retard. À tel point qu’à l’heure où 300, La naissance d’un Empire sort sur grand-écran, aucun numéro de la dite BD n’est paru à ce jour et l’on ne sait pas vraiment quelles seront les similitudes et les différences entre le film, et le comics. L’histoire du métrage est, quant à elle, un parallaquel, puisqu’elle débute sur la fin de la première guerre médique, en passant par la bataille de Salamine, se déroulant en même temps que le précédent film, pour s’achever par les conséquences de la chute de Léonidas et de ses 300 guerriers. On ressent quand même l’influence de Frank Miller dans l’écriture du scénario, qui répète les travers qu’on lui reproche dans ses comics (les femmes sont des putes manipulatrices, le gouvernement est dirigé par des couilles molles et l’Orient est un réservoir de terroristes, esclavagistes avides de nous conquérir et de nous priver de notre liberté).

Mais Murro va avoir l’idée de continuer ce qu’avait initié Snyder dans le précédent volet, en recentrant le récit autour des deux personnages féminins. Gorgo, toujours interprété par Lena Heady, est clairement montré comme la véritable meneuse de Sparte qui devra par la suite, ressouder un peuple qui vient de perdre son roi. Tandis qu’Artemisia, « inspiré » très largement d’Artémise 1ère et joué par la talentueuse Eva Green, y est décrite comme une grecque trompée par son pays qui s’allie et manipule l’ennemie pour assouvir sa vengeance. Cette dernière considère les hommes comme des êtres inférieurs, quit à user de ses charmes pour arriver à ses fins. On peut voir en ces deux femmes, deux facettes différentes du féminisme. Les personnages masculins n’ont cependant rien à envier aux dames, Themistocles incarne le héros voulant se racheter d’une erreur commise dans le passé et qui aura des répercussions dans l’avenir. Calisto représente le jeune héros, dont le récit initiatique lui permettra de s’affranchir de son père, Scyllias. Celui-ci a peur de voir son fils grandir trop vite de par ses temps hostiles ou de le voir mourir au combat. Xerxès est montré comme un être « pur », ayant été détourné du droit chemin par les ambitions d’une femme, ce qui diminue grandement son aura par rapport au précédent film.

Fidèle à son prédécesseur, tout en ayant son identité

Du fait de son statut de parallaquel, Murro va jouer de cela pour faire de son film l’opposé de celui de Snyder. 300 est raconté par un homme, sa suite sera raconté par une femme, les spartiates sont vêtus de capes rouges, les athéniens porteront des capes bleues. Dans le premier volet, l’action se déroulait sur terre, de journée avec des lumières chaudes, ici elle se passera en mer, la nuit ou à ciel couvert avec des lumières froides. Les seules fois où cela ne sera pas le cas, seront réintroduire des personnages ou scènes du film précédent. Le fait que le personnage d’Eva Green sert d’antagoniste à l’histoire permet d’atténuer l’aspect crypto gay qui était reproché au volet antérieur. Dans ce film, les athéniens ont beau avoir une belle musculature, ils sont plus proches de la norme en comparaison des spartiates de Snyder. Et si l’on s’attendait à ce que Murro reprenne l’aspect soft de son prédécesseur (quelques giclées de sang pour des blessures graves), il surprendra son public en allant plus s’inspirer de Spartacus, la série télé dérivée de 300 mais plus racoleuse. Et il faut avouer qu’en ces temps où le cinéma aseptisé est banalisé, voir un film décomplexé qui s’assume en matière de violence et de sexe, tout restant au-dessus de la ceinture pour tous, cela fait du bien. Nous pouvons d’ailleurs noter que le caméo de Peter Mensah est très bien utilisé, puisqu’il joua dans 300, le rôle du messager de Xerxès et dans Spartacus, celui d’Œnomaüs, le doctore.

Les acteurs sont très justes dans leurs rôles, Sullivan Stapleton est crédible, mais n’égal pas le charisme de Gerard Butler et Callan Murvey arrive à nous faire oublier Hartley, les cœurs à vifs. Mais celle qui tire son épingle du jeu est bien Eva Green, qui nous livre une très grande performance et une antagoniste féminine comme on n’en fait plus. Pour ce film, le bande son est confié à Junkie XL qui livre un travail mémorable. Il fournit un thème rythmé et dynamique, usant des tambours et des cuivres pour les troupes athéniennes (Marathon) et une symphonie orientale envoûtante et mélancolique qui monte crescendo jusqu’à exploser, le tout pour symboliser la transformation de Xerxès (From man to God King).

En conclusion, 300, la naissance d’un Empire est une bonne surprise que l’on n’attendait pas. Une petite réussite qui corrige les défauts de son prédécesseur, s’affranchie des censures imposées par le cinéma actuel, tout en n’oubliant pas d’être un divertissement fun et décomplexé.
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le 1 mars 2014

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